Quelle est la phrase qui te pose le plus de souci dans l’écriture ?
Le titre !
Parce que lorsque le livre est rangé sur les étagères d’une bibliothèque ou dans une librairie, la seule chose que l’on voit sur la tranche, c’est le titre ! (On voit aussi le nom de l’auteur… mais bon, inutile de rêver… les enfants ne connaissent pas le nom des auteurs et ce qui les attire, c’est le titre !) Il faut donc trouver LE bon titre ! Celui qui fera que le livre quittera l’étagère et qu’il aura une chance d’être lu ! (Bon sang, ça ferait une belle histoire ça… le livre qui rêve de quitter son étagère pour être lu… Je vais l’écrire… vite !)
Quel style préfères-tu ?
J’écris très souvent à la première personne. Je me sens plus à l’aise lorsque j’entre vraiment dans la peau de mon héros ou de mon héroïne. Lorsque je dis « je », je suis vraiment celle qui fait l’action et qui éprouve des sentiments. Certes, je n’ai pas le recul pour « analyser » l’action et les sentiments, mais justement, cela sonne plus juste et cela rend le héros plus attachant !
En fait lorsque j’écris « Il fait ceci… il éprouve cela… » je me détache de mon héros, j’ai moins d’affinité avec lui et il me semble que le texte est moins bon.
As-tu la plume facile ? Où est-ce laborieux ? Te faut-il raturer beaucoup ?
Hélas, non, je n’écris pas facilement.
Les idées, oui, elles viennent facilement, mais les exprimer sur le papier… c’est dur, dur…
J’écris lentement. Une page par jour, lorsque je suis très en forme. Mais souvent, le lendemain, en relisant, j’efface, je recommence.
Avec l’ordinateur, je ne rature plus… j’efface, j’écris une nouvelle phrase, puis je me dis que la première version était meilleure, j’essaie de la retrouver, je tâtonne…
Ecrire, c’est un peu comme accoucher… On rêve que cela va se passer vite et sans douleur… mais c’est long, laborieux, on souffle, on pousse des soupirs à fendre l’âme, on s’énerve, on s’épuise… on jure qu’on ne recommencera jamais… Et puis on finit par pondre un roman. Alors on se dit que c’est formidable… que le prochain sera encore mieux, qu’on ne s’y prendra pas du tout pareil que ce sera plus facile…
Et toc ! on recommence !
Comment définirais-tu ton style ?
Je n’en sais rien. C’est sans doute aux lecteurs et aux enseignants (qui ne sont jamais tendres) de le dire. On m’a dit que j’ai un style simple mais avec du vocabulaire…
Combien dure la phase avant l’écriture (recherches…) Et la phase d’écriture ? Combien écris-tu de livres par an ?
Pour le roman historique, avant l’écriture, il y a une longue période de recherches. J’ai mon idée, mais je dois la nourrir avec de la documentation. C’est passionnant. J’adore fouiller dans les livres pour trouver le détail insolite, celui qui va amuser, celui qui fera pleurer… C’est long, mais j’adore ça.
Comme je l’ai expliqué précédemment, la phase d’écriture est longue, longue… cinq mois environ pour un roman historique.
J’en écris donc 2 par an. Parfois 3 si j’arrive à intercaler un autre roman court et qui n’est pas historique… Lorsqu’une idée drôle me titille par exemple ou une idée sur les animaux pour poursuivre la série des Vétérinaires.
Quelle phase préfères-tu ? La recherche des idées ? L’écriture ?
Je ne cherche pas les idées. Elles viennent toutes seules sans que j’explique comment… mais la recherche de documentation est passionnante que ce soit pour les romans historiques, les romans sur les animaux, sur les pompiers… J’adore me documenter, rencontrer les gens qui me parlent de leur métier. Elaborer le roman dans mon esprit est tout aussi passionnant : « Ce sera l’histoire de x qui fera ceci et cela… »
Mais écrire… c’est si dur parfois…
Et pourtant, pour pouvoir partager mon idée avec mes lecteurs, il faut bien l’écrire !
Quelle place a le mot dans tes romans ? Le vocabulaire est-il très important pour toi ?
J’aime chercher le bon mot. Pas obligatoirement celui qui figure en bonne place dans le dictionnaire, mais celui qui exprime le mieux mon idée. Je pense au verbe « péguer » qui dans le sud veut dire coller, mais pas définitivement. Par exemple, la confiture pégue les doigts… elle ne les colle pas. Il n’est pas dans Le Robert !
Pour les romans historiques, je passe beaucoup de temps à relever dans les mémoires des dames du XVIIème siècle, le mot « vrai ». Par exemple, une dame qui se fait des dragons, signifie qu’elle se fait du souci…
Donc oui, le vocabulaire est très important pour moi.
Je déteste les répétitions. Tous ces petits mots que l’on emploie sans faire exprès comme « trouver » « demander » « dire » « faire ». Je les chasse avec obstination.
Fais-tu attention à la longueur de tes phrases ?
Oui. Je n’aime pas les phrases trop longues… Mais cela dépend de ce que l’on écrit. Parfois, pour donner une impression « grand siècle », une belle phrase ampoulée est nécessaire…
Qu’est-ce qui fait que pour toi, une phrase est bonne ?
Ben heu… voyons… si on ne bute pas sur les mots en la prononçant à voix haute ?
Utilises-tu beaucoup de documentation ?
Oui, énormément. Peut-être trop… mais j’aime ça !
Photo : Anne-Marie (à droite) en copmpagnie de l'illustratrice Marie Kyprianou au salon de Montreuil.