Au collège de Puiseaux, dans le Loiret, nous avons pendant trois années réussi à constituer une formidable équipe de… 13 enseignants (collège et écoles), tous volontaires, pour mettre en place un défi lecture.
Nous nous réunissions sur notre temps libre après les cours jusqu’à tard le soir. Au début, nous ne nous connaissions pas ou peu : il fallait donc créer l’osmose entre nous, donner envie à tout le monde de s’investir dans un lourd projet qui nécessitait de se réunir une fois par mois. Il ne faut pas se leurrer, c’est le plaisir d’être ensemble qui crée l’équipe et l’envie de donner autant de son temps.
Les réunions préparatoires étaient très cadrées pour éviter les dispersions, les conversations en aparté : nous travaillions pendant 1h00. Il a été décidé, « à l’insu de mon plein gré », que je dirigerai les débats pour cadrer ceux-ci et gagner en efficacité. Ensuite, nous mangions ensemble au CDI : chacun apportait des produits de son terroir. Je précise que toutes les tranches d’âge étaient représentées ainsi que toutes les situations de famille : mariés et célibataires. C’était vraiment de bons moments ! Les instituteurs (professeurs d’école) qui étaient isolés, seuls dans une école, loin de tout, voyaient dans ces retrouvailles une grande bouffée d’oxygène ! L’incorporation des quelques petits nouveaux se faisaient très facilement et la grande convivialité qui régnait était vraiment plaisante : cela nous a tenu trois années jusqu’à ma mutation.
Nous étions treize ! Un professeur documentaliste coordonnateur, cinq professeurs de français des classes de 6ème et les instituteurs des écoles primaires de la ville de Puiseaux et de deux villages proches (12 km). Le bouche à oreille a fonctionné, nous avons été contactés pour que d’autres écoles participent. Mais nous avons dû refuser pour ne pas alourdir la structure.
Nous avons vraiment élaboré main dans la main le projet : le choix des livres, les épreuves…
- Nous avons arrêté une liste de 20 titres de la littérature de jeunesse, accessibles du CM1 à la 6ème : tous les ans, nous changions la bibliographie (achats et partenariat avec la bibliothèque municipale : la bibliothécaire préparait également les épreuves avec les classes de primaire). Une telle liste peu surprendre mais comment donner le goût de lire avec seulement 5 ou 10 titres ? Là, nous essayions de balayer tous les genres d’histoires pour les deux sexes. Il faut absolument acheter des livres de la même édition et de la m^me année de parution.
- Les épreuves ont évolué, changé au fil des ans pour éviter toute lassitude.
Les épreuves : elles avaient lieu au CDI (liaison 6ème – Cm2). Elles se déroulaient sur l’année scolaire.
Une épreuve intermédiaire : elle consistait en un échange de courriers entre les classes, les écoles : 10 questions sur les livres de la liste (une heure/classe pour répondre puis correction par les classes elels-mêmes des questionnaires renvoyés) : 2 questions à 2 pts, 4 à 5 pts, 2 à 10 points. Le cadre était fixé : jeux (charades, rébus…), questions (commençant par comment ? Pourquoi ?...) demandant une réponse explicative… questions sur les couvertures (titre masqué), description d’un personnage (le livre était indiqué à l’adversaire : il fallait trouver de qui il s’agissait…
L’épreuve finale en fin d’année consistait en un grand jeu de loi (fabriqué à tour de rôle chaque année) : trois case représentaient la couverture d’un titre : il y avait donc 60 cases + 1 case finale. Un dé géant confectionné par les élèves de CM2. Vingt enveloppes (1/livre) regroupant toutes les questions de toutes les classes. Lors des réunions nous rassemblions et corrigions les questions des élèves : celles-ci étaient écrites sur un papier avec la réponse et la page de celle-ci. Les élèves devaient ensuite corriger leurs fautes et taper au traitement de texte les questions. Nous nous étions mis d’accord sur le style de questions à éviter. Il y avait donc harmonisation.
- Dans chaque équipe (la classe) : il y avait un maître du jeu qui lançait le dé et prenait les décisions finales : généralement un élève relativement autonome qui avait lu le plus grand nombre de livres. Deux parieurs qui jouaient 1, 2, 3, 4 ou 5 points en fonction de la case sur laquelle l’équipe tombait : évidemment, plus l’équipe se sentait forte sur le livre sur lequel elle allait être interrogée plus elle pariait de points. Le maître du jeu, après avoir écouté les parieurs, tirait dans les enveloppes la question qu’il lisait à son équipe à voix haute (trois fois). Deux relais passaient voir to élèves de leur équipe et rapportaient la réponse au parieur (on avait délimité un cercle dans lequel ne se trouvaient que les maîtres du jeu, le jeu et un prof) qui prenait la décision finale : le temps était limité, il ne devait parler qu’une fois. Si l’équipe avait juste elle marquait le nombre de points pariés, si elle se trompait l’autre équipe pouvait tenter une réponse (et gagner les points pariés par l’adversaire). On ne défalquait aucun point en cas d’erreurs : nous préférions être positifs. Il y avait également deux comptables par équipe pour compter tous les points de l’adversaire et les leurs.
La dernière cases, la 61ème : elle rapportait 20 points à l’équipe qui arrivait dessus et qui répondait à trois questions sur le livre choisi par l’équipe adverse !
Chaque classe faisait trois ou quatre matchs… Nous comptabilisions les points de chaque classe. Evidemment, le vainqueur était l’équipe/la classe qui avait obtenu le plus grand nombre de points.
La Remise des récompenses : j’avais la chance d’avoir dans mon équipe de volley, une personne qui travaillait chez un distributeur : il me récupérait plein de livres neufs, récents qui partaient au pilon…
LE BILAN :
- Beaucoup de liens entre les adultes (travail en équipe) ont été créés : les professeurs et les instituteurs pouvaient échanger (programme, façon de travailler…). Même chose entre les enseignants et les élèves qui ont appris à se connaître de façon peut-être plus serine !
- Le défi lecture a eu un effet important sur la masse des enfants qui sans lui n’aurait pas eu l’idée d’emprunter ou de lire un livre… Les bons élèves ont lu comme ils l’auraient fait sans nous… Par contre, pour ce qui concerne les élèves en difficulté, l’effet n’a pas été très satisfaisant. Nous aurions peut-être dû leur donner des tâches différentes : collecter les informations de leurs camardes, les taper au traitement de texte, faire un journal de la classe des lectures..
- Le fonds du cdi a augmenté (livres neufs et récents). Ainsi que le nombre des prêts. La découverte de la littérature pour la jeunesse par les professeurs….
Photo du clocher Tor : http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/1/19/Puiseaux_clocher_tors.jpg