L’auteur aujourd’hui
· Comment se situe l’auteur aujourd’hui par rapport à l’auteur des débuts ? Il y a-t-il une différence (style, pensée, méthode…)
Non, je pense être restée égale à moi-même.
· Quelle est ta définition de l’auteur jeunesse ? En es-tu un ?
Un auteur pour la jeunesse est un auteur tout court. Et j’en suis un.
L’écriture :
· Pourquoi écris-tu ? Est-ce quelque chose de facile à expliquer ?
Parce que, comme dit Semprun, l’écriture c’est la vie. Non, ça ne s’explique pas
· C’est quoi être écrivain ? Ecrire c’est quoi ?
C’est quelqu’un qui vit de son écriture.
· Que penses-tu des écoles américaines dans lesquelles on peut apprendre à écrire ? En France, elles n’existent pas. Quel écrivain es-tu ?
L’écriture ne s’apprend pas. Elle est innée. C’est une forme d’art. On peut apprendre à écrire sans fautes mais pour écrire un livre il faut un truc en plus.
· Arthur Ténor parle de lui comme étant un « explorateur de l’imaginaire. » As-tu une formule pour te caractériser ?
Moi, je suis une passeuse d’Histoire.
· L’écriture a-t-elle toujours été en toi ou est-ce quelque chose qui est arrivé tardivement dans ta vie ? Il y a t-il eu un élément déclencheur ?
Le déclic s’est fait à l’âge de douze ans quand j’ai lu le Journal d’Anne Frank. Depuis, je n’ai jamais cessé d’écrire.
· Pour qui écris-tu ? A moins que ce ne soit pour un public ? Pour être lu ?
Oui, bien sûr, pour être lue, sinon je ne gagnerais pas ma vie. Mais je ne pense pas à mon public, à mes lecteurs quand j’écris, je pense à moi.
· Le public/l’éditeur t’ont-ils influencé à un moment donné ?
Non, je ne pense pas
· Cette fameuse imagination, d’où vient-elle ? De quoi t’inspires-tu ?
Je fais feu de tout bois. Tout me sert. Je regarde, j’écoute, je lis…
· Comment procèdes-tu pour écrire ? Un plan ? des carnets ?
Des carnets oui, mais je prends peu de notes au préalable. Je fonce directement.
· A quel moment de la journée écris-tu ? Avec quoi ? Une heure précise ?
As-t besoin d’isolement ?
J’écris quand je peux, où je peux. Plus l’été que le restant de l’année car j’ai terminé mes déplacements. Non, je n’ai pas besoin d’être seule, ni dans un lieu précis.
· Qui te lis en 1er ? Un proche ? Pourquoi ?
Mon éditrice/éditeur. C’est le meilleur juge. Mon entourage lit après.
· Qu’aimerais-tu écrire ? un sujet que tu n’as pas abordé et qui te taraude ? un genre ?
J’aimerais arriver à écrire une grande saga d’une famille du 20ème siècle.
· Ecrire à 4 mains cela te tente-t-il ?
Oui à tel point que je ne m’en prive pas. J’ai publié 3 romans avec Rachel Hausfater : De Sacha à Macha chez Flammarion, Le petit roman portable chez Hachette, et L’ombre publié chez Bayard et maintenant chez Nathan
· Est-il facile de vivre de sa plume ? Exerces-tu un autre métier ?
Tout est relatif. Moi, je ne vis que de ma plume et j’y arrive quand même.
· Qualités et défauts de la Femme ? qui rejaillissent sur l’écrivain ?
Tout ce que je suis rejaillit dans mon écriture
Tes personnages :
· Comment crées-tu tes personnages ?
Je ne le crée pas, ils se créent tout seul.
· Est-ce que ce sont tes personnages qui te mènent ? Par exemple, peuvent-ils te faire changer de voie en cours d’écriture ?
Oui, complètement. Ce sont eux qui mènent la danse.
· Qu’aimes-tu le plus dans la création du personnage ? L’aspect psychologique ?
Oui, surtout l’aspect psychologique.
· Quel est le personnage que tu as crée et qui t’a posé le plus de souci Pourquoi ?
Intissar, la jeune kamikaze palestinienne de mon livre « Tant que la terre pleurera » Casterman. J’ai eu beaucoup de mal à me glisser dans la violence de son personnage.
· Quel personnage de papier que tu as inventé aimes-tu le plus ?
Momo, petit prince des Bleuets
Les lieux :
· Comment t’inspires-tu pour créer un lieu ? Une atmosphère ?
La plupart de mes livres ont pour cadre mon propre cadre. Ils se déroulent tous soit à Paris, soit dans d’autres endroits où j’ai vécu.
· Te rends-tu sur place ? Visites-tu beaucoup ?
Cela m’arrive. Pour mon prochain roman, j’ai passé beaucoup de temps dans le cimetière du Père Lachaise.
· Est-il facile de partir de rien ou de ce que l’on connaît ?
Oui, cela ne me pose aucun problème.
Le style, la phrase, le mot…
· Quelle est la phrase qui te pose le plus de souci dans l’écriture ? L’incipit ?
La dernière.
· Quel style préfères-tu ? style indirect libre… « je » ou « il »…
Tous les styles. J’aime varier.
· As-tu la plume facile ? Où est-ce laborieux ? Te faut-il raturer beaucoup ?
Très facile mais cela ne m’empêche pas de retravailler beaucoup mes textes
· Comment définirais-tu ton style ?
Euh… Je ne sais pas.
· Combien dure la phase avant l’écriture (recherches…) ? Et la phase d’écriture ? Combien écris-tu de livres par an ?
La réflexion peut durer très longtemps mais cela dépend des livres. J’en publie trois ou quatre par an.
· Quelle phase préfères-tu ? La recherche des idées ? l’écriture ?
J’aime tout.
· Quel place a le mot dans tes romans ? Le vocabulaire est-il très important pour toi ?
Je n’ai pas l’impression de tra vailler beaucoup la construction et le choix des mots. Cela vient tout seul.
* Fais-tu attention à la longueur de tes phrases ? Pierre Bottero faisait des phrases courtes ; parfois, il ne les finissait pas pour laisser le soin au lecteur d’imaginer, de rêver et donc de les terminer lui-même.
Je fais attention à ce qu’elles ne soient pas trop longues pour faciliter la lecture des plus jeunes. Mais j’adore les points de suspension.
· Qu’est-ce qui fait que pour toi, une phrase est bonne ?
Qu’elle chante.
· Utilises-tu beaucoup de documentation ?
Ça dépend du livre, du thème. Mais ça m’arrive.