· Lénia, pourquoi écris-tu ? Est-ce quelque chose de facile à expliquer ?
Des êtres supérieurs m’y forcent. Je ne vois pas d’autre explication.
Ou serait-ce une drogue ? Un envoûtement d’un marabout du clavier ?
· C’est quoi être écrivain ? Ecrire c’est quoi ?
C’est donner du plaisir, du rêve, des émotions, de la réflexion… à celui qui tiendra le livre.
· Que penses-tu des écoles américaines dans lesquelles on peut apprendre à écrire ? En France, elles n’existent pas. Quel écrivain es-tu ?
Sans doute peut-on apprendre à structurer mieux son récit. Mais où apprend-on à rêver, imaginer, tramer, comploter ? À l’école ?
Laissez-moi me balader tranquille en forêt, le reste viendra tout seul. Ou pas.
· Arthur Ténor parle de lui comme étant un « explorateur de l’imaginaire. » As-tu une formule pour te caractériser ?
Une spécialiste des héros faibles et bancals.
· L’écriture a-t-elle toujours été en toi ou est-ce quelque chose qui est arrivé tardivement dans ta vie ? Il y a t-il eu un élément déclencheur ?
La lecture a toujours été en moi. L’écriture est venue quand les longues études et les heures indécentes de travail m’ont un peu lâchée ! Merci donc à mon mari, qui entretien à temps partiel, un auteur jeunesse.
· Pour qui écris-tu ? A moins que ce ne soit pour un public ? Pour être lu ?
J’écris pour raconter l’histoire qui me hante, en espérant qu’elle fasse vibrer un jour d’autres lecteurs. Mais ce n’est pas ce qui me guide.
· Le public/l’éditeur t’ont-ils influencé à un moment donné ?
Moitié bretonne, moitié normande, donc GNI (non, ce n’est pas le sms de génie, mais l’abréviation de génétiquement non influençable. Têtue quoi !)
· Cette fameuse imagination, d’où vient-elle ? De quoi t’inspires-tu ?
De la vie. De ce que j’entends, des lieux où je vais. De petites phrases, de châteaux, de cabanes d’oiseaux, de boulangères grincheuses. De tout…
· Comment procèdes-tu pour écrire ? Un plan ? des carnets ?
Un carnet dans la poche, pour noter la phrase. Parfois un bout de papier pour un synopsis. Malheureusement, mes synopsis sont à géométrie variable et les plans très rapidement obsolètes. Donc, j’en écris de moins en moins. Et puis je les perds.
· A quel moment de la journée écris-tu ? Avec quoi ? Une heure précise ?
As-tu besoin d’isolement ?
Après avoir confié les enfants à notre chère école publique, je me rue en compagnie d’un mug de thé (de préférence des Celtes) géant sur le clavier de mon portable. Fusayn, mon chien, m’ordonne d’ailleurs de m’asseoir au plus vite, car pendant que j’écris, il dort sur mes genoux. Il grogne jusqu’à ce que j’obtempère, je soupçonne donc certains de mes éditeurs de le soudoyer en nonos à moelle. Etant ascendant marmotte, il m’oblige à écrire toute la matinée et toute l’après-midi des jours où je n’exerce pas le métier qui nourrit les mêmes enfants et chien (et mari).
Le soir, il m’arrive de terminer un chapitre que je n’ai pas eu le temps de clore ou d’avancer sur un projet court.
Je peux également écrire dans des lieux extrêmement bruyants, du moment qu’on ne me parle pas. C’est cependant gênant, car j’ai tendance à mimer les scènes que j’écris. Les gens autour me regardent alors bizarrement. Ben quoi ? Ils n’ont jamais vu un auteur jeunesse décapiter des méchants ???
· Qui te lis en 1er ? Un proche ? Pourquoi ?
Les comités de lecture. J’interdis à mes proches de me lire, c’est beaucoup trop personnel et je ne supporte pas leurs critiques. Alors que j’accepte volontiers celle des professionnels ou lecteurs.
· Qu’aimerais-tu écrire ? un sujet que tu n’as pas abordé et qui te taraude ? un genre ?
J’aime de plus en plus écrire des séries fantasy pour ado. Je pense poursuivre dans cette voie, si l’inspiration, les lecteurs et les éditeurs le veulent ! Je termine cette année deux séries, et j’ai quelques idées pour une nouvelle… A quand la journée de 72 heures ?
· Ecrire à 4 mains cela te tente-t-il ?
Oui, cela se fera peut-être dans les années à venir avec une amie auteur. Un truc très très très déjanté.
· Est-il facile de vivre de sa plume ? Exerces-tu un autre métier ?
Vivre de sa plume paraît assez difficile. Il est possible de vivre de sa plume, plus d’interventions scolaires. Travaillant à mi-temps, je ne peux accepter beaucoup de salons et interventions. Et comme je ne peux accepter ces interventions, je dois continuer à travailler. Le serpent à plumes qui se mord la queue quoi…
· Qualités et défauts de la Femme ? qui rejaillissent sur l’écrivain ?
Rigoureuse et carrée, il me manque la capacité de créer des univers totalement fantasmagoriques.
Inébranlablement optimiste, toutes mes histoires se finissent bien, même celles d’amour !
Rigoureuse et carrée, je ne lâche le morceau que lorsque le BAT est signé.