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Présentation

  • : Le blog de CHRISTOPHE BOUTIER, professeur documentaliste au collège de St Germain-des-Fossés, dans l'Allier
  • : Blog qui a pour objectif de parler de la littérature jeunesse, des écrivains jeunesse... pour donner le goût de lire aux adolescents. L'objectif est également d'intéresser à la culture. Il s'agit aussi de faire découvrir cette littérature à part entière aux adultes.
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Le Vampire Du Cdi

  • Le cédéiste
  • Je suis le "VAMPIRE d'un CDI" auvergnat !

ANECDOTES

Pierre BOTTERO,

le Seigneur des ados !

 

Pierre Bottero était fier d’être un auteur jeunesse - une littérature qui n’a rien à envier en qualité à la littérature « vieillesse. » S’il n’était pas qu’un auteur de fantasy, il faut bien reconnaître que c’est à cette littérature de l’Imaginaire qu’il dût son incroyable succès !

Dès l’enfance, il tombait dans la marmite de la fantasy. Il dévorait Tolkien (Un choc ! S’en suivi, plus tard, l’idée que la fantasy ne pouvait s’écrire que sous la forme d’une trilogie), Zelasny, Farmer, Moorcock, Vinge, Howard… Les grands noms qui allaient lui permettre de devenir l’auteur que nous connaissons. Plus tard, il appréciera les auteurs « jeunesse » tels que Erik L’homme, Hervé Jubert, Fabrice Colin ou Philip Pullman, Eoin Colfer pour ne citer qu’eux. Il n’y a pas de concurrence en littérature jeunesse, les auteurs s’apprécient, se côtoient, se téléphonent, se rencontrent, se parlent, rêvent ensemble d’histoires communes. Ainsi Erik L’Homme et Pierre imaginaient ensemble, « A comme assassins »…

De ses lectures, Pierre Bottero ne devait pas ressortir indemne.

C’est par hasard qu’il se lançait dans l’écriture, pour aider sa fille qui séchait devant un concours d'écriture : il rédigeait quelques pages sur son ordinateur, se piquait au jeu, poursuivait (son épouse réclamait la suite), envoyait le texte à un éditeur qui le publiait... Il était dit qu’il n’arrêterait plu. Marqué à tout jamais par Tolkien, il était évident qu’un jour, il s’essaierait à la fantasy. C’est ainsi que naquirent « La quête d’Ewilan », « Les mondes d’Ewilan » et « Le pacte des Machombres. »

 

 

 

Pierre Bottero se fichait éperdument du cadre dans lequel on allait placer ses romans. Mais pour les « techniciens, l’auteur lui-même évoquait la Low Fantasy. Il s’agit d’une low fantasy - inspirée par ses jeux d'enfant, ses rêves d'adulte, ses lectures et les émotions ressenties au quotidien - dans laquelle existe un équilibre entre le bien et le mal, le courage, la volonté et la détermination où domine le désir de tout ramener à des intérêts individuels (égoïsme forcené, aveuglement quant à la mise en danger des équilibres…). Un parallèle pourrait d’ailleurs être établi entre le chaos décrit et notre monde réel. Mais attention. Les propos de Pierre ne demeurent pas sombres, ils restent optimistes. Pour avancer ! Avec pour personnages principaux des… femmes. Pierre était fondamentalement féministe. Il aimait à dire qu’il y avait moins de « cons » chez elles que chez les hommes. Toutefois, Pierer Bottero n’a jamais cherché à donner des leçons, il se méfiait trop pour cela des « transmetteurs » de valeurs et des donneurs de leçons. Le livre était pour lui un objet de partage.

Ce partage, il l’avait avec sa famille qui appréciait ce qu’il écrivait et qui le rassurait : Claudine, son épouse, ses deux filles lisaient ce qu’il écrivait avant publication.

 

 

 

Lorsque Pierre Bottero était invité dans un salon du livre pour une dédicace, il faisait partie des auteurs les plus demandés (il ne faisait pas bon signer à côté de lui !) : les impressionnantes files d’attentes composées de lecteurs (jeunes et moins… jeunes !) en témoignaient. C’est avec émotion qu’ils recevaient tous les messages de sympathie et… d’amour. Ses livres touchaient, ses histoires permettaient le partage et faisaient rêver, Pierre vivait alors une aventure … magique.

Il avait beau affolé le compteur des ventes, ce qui avait un réel impact sur lui, c’était :  de percevoir la flamme dans les yeux de ses « fans » (euh ! il n’aimait pas le mot), de recevoir leurs avis, de parler avec eux.

Tant d’amour le gonflait à bloc et lui transmettait une énergie positive.

C’est pourquoi, ce succès (qui lui permit d’abandonner son métier d’instituteur) qu’il percevait intensément, à la fois avec bonheur (évidemment !) et tranquillité, lui donnait également un sentiment de responsabilité. Ainsi, s’il savait se montrer reconnaissant envers ceux qui l’avaient aidé à améliorer son écriture (Caroline Westberg, son éditrice chez Rageot), il avait également de la considération pour ce public à qui il devait tant. Quand vous rencontriez Pierre, assis derrière sa table de dédicace, vous aviez le sentiment qu’il n’attendait que vous ! Pierre veillait soigneusement à être proche de son « public », un de ses… bonheurs. Il respectait humainement ses visiteurs et ses lecteurs en leur offrant des histoires dont il voulait qu’elles évitent facilité et démagogie. Il apportait ainsi beaucoup de soin et d’exigences aux corrections, un travail exigeant, vorace en temps et en énergie.

 

L’écriture de Pierre Bottero avec « Le pacte des marchombres » avait atteint une belle maturité. C’est ce que Pierre lui-même soulignait quand il affirmait que « c’est en écrivant qu’on apprend à écrire. » En effet, cette dernière trilogie qui met en scène le personnage d’Ellana est moins légère, plus complexe, que celle de « La quête d’Ewilan » : l’auteur avait eu le sentiment d’avoir grandi, évolué et de s’être trouvé, un sentiment accompagné par le désir de partager encore davantage avec le lecteur. Pierre Bottero était un homme intègre, voilà pourquoi il continue d’être autant aimé. A la lecture de ses trilogies, cette sincérité transpire. Pierre prenait un immense plaisir à écrire, à « rêver », à imaginer le monde (issu d’un vieux rêve de liberté absolue) d’Ewilan, d'Ellana. Il prenait un immense plaisir lorsque d’autres que lui se baladaient dans "ses" mondes. Pierre Bottero écrivait pour être lu mais aussi pour explorer des contrées inconnues (se connaître lui-même ?) et entraîner à sa suite tous ceux qui étaient tentés par l'aventure... Quand il mettait le point final, c’était à la fois une joie (celle d’avoir terminée et d’être satisfait du résultat) et une déchirure (celle de quitter l’univers crée)… Un sentiment d'être coupé d'une part de soi-même avec l’irrésistible envie de replonger très vite.

 

Pierre le « poète » accordait beaucoup d’importance au travail de réflexion qui précède l’écriture. Lorsqu’il attaquait le premier chapitre d’un roman, la trame générale était dans son esprit, il connaissait très bien ses personnages. Ensuite, plongé dans le cœur du roman, il écrivait sans arrêt, du matin au soir, parfois pendant la nuit. Puis, il pouvait ne plus écrire pendant des semaines Enfin, presque car il écrivait toujours… dans sa tête. Quand il n’écrivait pas, il écrivait sans écrire. Pierre était un homme normal qui aimait lire, courir, menuiser, bucheronner, voyager, rencontrer, parler, rêver… et sourire ! Ah, ce sourire !I

L’écriture de Pierre était une écriture « vraie », sans complaisance, une écriture qui venait des tripes, un cadeau offert au lecteur. Il n’était satisfait que si les mots qu’il employait correspondaient réellement à ce qu’il souhaitait écrire. Cette honnêteté, il la devait à ses lecteurs. Pierre était un travailleur qui reprenait, sans cesse, son récit, la cohérence, le fond, la forme… C’est pourquoi il prenait grand soin, malgré les pressions des lecteurs, de ne pas chercher à publier, à tout prix, trop rapidement. Il était persuadé qu’il valait mieux patienter et faire patienter plutôt que de se décevoir et décevoir. Il pendait qu’il fallait laisser le temps à l’histoire de pousser, à son rythme...

 

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   "Le Loup à la voix de miel"
Marc SEASSAU (Grasset jeunesse)

J’ai fait venir dans le collège où je travaillais alors, l’écrivain Marc Séassau.  La journée fut belle et pleine d’émotion notamment lorsque Marc anima une rencontre à deux voix (j’adore organiser ce genre de rencontres : 2 auteurs face à une classe en même temps !) avec Jean-Côme NOGUES qu’il avait adoré lire lorsqu’il était ado.

Marc Séassau a écrit ce roman « Le loup à la voix de miel » parce qu’il a été marqué par sa convocation comme juré dans une affaire de viol. Dans son récit, il narre l’entrée en 6ème d’une petite fille qui, anonymement, dépose des extraits de « Peau d’âne » dans les poches, de sa « marraine », une élève de 3ème.  L’appel au secours était évident !

Cette rencontre a déclenché un phénomène pour le moins inattendu dont j'ai été le témoin, involontaire : il m'a fallu trois semaines pour comprendre ce qui m’arrivais !

Je trouvais régulièrement par terre, dans le CDI, toujours disposées par deux, des photos représentants des scènes classiques de la vie d'une famille avec une de nos élèves de 6ème (anniversaires...). J'ai évidemment rendu ces photos à l'élève qui, agressive, semblait ne pas comprendre pourquoi je détenais son bien. C'est tout juste si elle acceptait de reconnaître qu'il s'agissait d'elle sur les clichés ! Ces scènes se sont régulièrement reproduites ( trois, quatre fois pendant trois semaines) jusqu'au jour où j'ai eu un déclic  : une seule photo sur le sol évoquant la petite sur les genoux d'un homme. J'ai de suite compris (Peau d’âne !), j'ai alerté l'infirmière, la Principale du collège... Cette élève avait eu l’idée de reproduire ce que l’héroïne du roman faisait.
Voilà ce qu'uns simple rencontre d'écrivain peut entraîner en dehors du plaisir de lire.
Le roman avait libéré la parole de l’élève !


Nous en avons évidemment parlé avec Marc Séassau qui était évidemment KO : comment ne pas l'être ? Il avait écrit ce roman un peu dans un but pédagogique mais quand la réalité dépasse la fiction...

Recherche

PERLES de LECTURE

 Le collège de Gannat

 a voyagé dans le temps !

 

 Après la lecture des romans historiques jeunesse de Béatrice Nicodème....

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« Oyez ! Oyez gente dames et damoiseaux ! Entrez dans le Moyen Age ! » Ainsi s’est écrié le troubadour, jeudi 9 juin 2011, dans la plaine gannatoise : deux cent élèves de 5ème du collège Hennequin et CM2 des écoles du Malcourlet, de Pasteur et de Jean Jaurès ont bravement et « prestement » effectué le « pas sur le côté » pour revêtir leur cotte de maille et ainsi plonger en plein XIVème siècle.

  

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  Pour rendre vivant et attractif le Moyen Age, période étudiée en classe et encore largement visible dans la cité des portes occitanes, Gannat, douze comédiens et cascadeurs professionnels de la compagnie toulousaine ARMUTAN, ont chevauché leurs destriers pour répondre à l’olifant de Christophe Boutier, professeur documentaliste, initiateur de cet imposant projet, « Cultures, loisirs et genres de vie au Moyen Age », un projet fédérateur d’énergie d’une année.

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Un campement faits de plusieurs tentes, de peaux de bêtes, de râteliers d’armes, de tonneaux… a été établi dans la partie herbeuse et arborée de l’établissement scolaire. Les écuyers – élèves, aux yeux brillant de plaisir, répartis en six « compagnies » de « routiers » qui répondaient au nom d’un  célèbre homme de guerre, du Guesclin, Prince noir ou bien d’un roi, Philippe Auguste…ont défilé avec leurs bannières dans les sept ateliers pédagogiques pendant six heures.  Ainsi, ils ont été initiés à l’archerie, au maniement des armes, au combat rapproché, à l’héraldique – l’art de faire son blason – à la danse, aux instruments et à la musique, à la jonglerie… Le capitaine « Barbepeste » et ses sbires ont alors conquis la « piétaille » qui après explications et démonstrations, devait mettre en pratique l’enseignement de leurs maîtres…  

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 Les corps fatigués furent réparés par le succulent banquet médiéval régional (tortillons gannatois, galichons d’Escurolles, fromages de chèvres de Bellenaves, Fraises bourbonnaises sur lit de fromage blanc de campagne de Cérilly étaient inscrits sur le très beau papier imprimé à l’ancienne par le moulin Richard de Bas ), pris en musique, et proposé par le chef, Sylvain Bruno. Une projection d’images, capturées dans la matinée, proposées par les élèves de l’atelier image du collège lors du repas, a également ravi les convives.

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En fin d'après-midi, les petits occitans, tout sourire, étaient regroupés pour assister à un spectacle de jongleries burlesques proposées par « Grand mètres Yann »,  à de la poésie lyrique, et à une impressionnante saynète de combats à l’épée accompagnée par la musique du groupe DAYAZELL.

 

Quel bonheur ! Quelle joie d'avoir vu les yeux des enfants pétiller de plaisir ! Quel  moment de vie ! Il ne fait aucun doute que cette journée unanimement saluée comme étant extraordinaire restera gravée dans les mémoires.

  351.JPG Alors, un grand MERCI à tous ceux qui ont participé à la réussite du projet ! Les personnels du collège Hennequin, la mairie de Gannat, les mécènes, les comédiens si sympathiques et bien sûr…les élèves !

 

Pour en savoir davantage :

 

RV sur le blog du collège de Gannat (03),

une 100e de photos...

 

http://cdi.gannat.over-blog.com/

 

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A propos de ce blog !

 

Lu dans « La nouvelle encyclopédie des filles 2011 » de Sonia Feertchak ((Plon)

 

« Le blog passionné et passionnant d’un professeur documentaliste  fou de littérature jeunesse, pour « sourire, rêver, aimer ». Des articles vivants sur la lecture, qui donnent envie de découvrir plein de livres et autant d’auteurs

 

 

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A lire, vraiment !




 

 

 

 

 

 

 

 

   

A travers de nombreuses anecdotes Christian Grenier évoque son enfance placée sous le signe du théâtre et de la lecture, son adolescence marquée par l'écriture et la passion. Il relate son parcours d'enseignant, d'auteur mais aussi de lecteur-correcteur, journaliste, scénariste et directeur de collection. Il se penche également sur les mécanismes intimes de l'imaginaire, détaille la genèse de ses oeuvres et fait pénétrer le lecteur dans les coulisses de l'écriture et de l'édition. Enfin il s'interroge sur les principes qui font d'une fiction un récit pour la jeunesse. Regorgeant de confessions, de convictions et de passion, ce témoignage d'une vie consacrée à la littérature jeunesse se lit comme un roman.
 

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Le MOT du JOUR : ......

    "Des millions de gens vivent sans lire, mais ce qu'ils ignorent,

c'est qu'on vit infiniment plus en lisant."

Xavier-Laurent PETIT

  

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Je vous livre l'adresse du blog de mon nouveau cdi et collège : http://colllafontaine.over-blog.com/

 

depuis octobre 2009

 

 

3 novembre 2010 3 03 /11 /novembre /2010 09:31

 ·         Cette fameuse imagination, d’où vient-elle ? De quoi t’inspires-tu ?

 

Je m'inspire de tout et de rien. Une rencontre, un mot, une visite, une pensée, ... tout est prétexte à imaginer des histoires. Mais l'imagination en tant que tel reste un peu un mystère pour moi. Mes personnages me guident beaucoup, je me laisse porter, je lâche prise et les choses viennent, m'apparaissent, plus ou moins rapidement. 
 

·         Comment procèdes-tu pour écrire ? Un plan ? des carnets ?

 

Pas de plan, pas de carnet, pas de note ou très peu. Tout est dans ma tête, une petite case pour chaque histoire que j'ouvre pour en imaginer la suite. Une fois inventé, je me mets devant le clavier et hop, c'est parti pour quelques semaines d'écriture.


 ·         A quel moment de la journée écris-tu ? Avec quoi ? Une heure précise ? As-tu besoin d’isolement ?

 

Le soir me convient particulièrement. Une fois l'animation de la journée retombée, l'ambiance paisible et feutrée de mon bureau devient propice pour laisser son esprit prendre le déçu et partir dans un élan d'écriture, qui parfois peut durer une demi-heure ou jusque tard dans la nuit. 

 

 ·         Qui te lis en 1er ? Un proche ? Pourquoi ?

 

J'ai une lectrice qui attend toujours mes appels pour une lecture à voix haute : ma soeur ! Elle est une bonne supportrice, mais sait aussi pointer du doigt un passage à retravailler ou me dire "laisse tomber c'est pas bon". 

 

 ·         Qu’aimerais-tu écrire ? un sujet que tu n’as pas abordé et qui te taraude ? un genre ?

 

Des dizaines de sujets tournent dans ma tête. J'invente plus que je ne suis capable d'écrire (rire). Je ne parlerais pas de genre de livre, mais plus de concept. J'aime associer roman et images pour adolescent. C'est un travail laborieux, mais dans lequel je prend du plaisir.

 

·         Ecrire à 4 mains cela te tente-t-il ?

 

Oui. Un de mes éditeurs a une écriture qui se marie bien à la mienne. 

J'espère qu'il prendra le temps un jour de se poser un peu et d'entamer un "vrai" travail autour d'un roman ou d'un album. (A bon entendeur... Il se reconnaîtra)
 

·         Est-il facile de vivre de sa plume ? Exerces-tu un autre métier ?

 

L'auteur n'écrit pas plus avec une plume qu'il ne gagne sa vie avec son écriture, sauf à de rares exceptions. J'ai souvent le sentiment que l'auteur est la quatrième roue du carrosse pour les maisons d'éditions. Premier à livrer son travail, il est le dernier à être payé et doit souvent faire des pieds et des mains pour obtenir son dû. 

C'est un travail qui demande beaucoup d'investissement quand on le fait sérieusement, et que l'on poursuit seulement par passion. Pour répondre à votre question, je vis de ma plume et des interventions scolaires depuis quelques années, mais ce n'est pas palace.

 

·         Qualités et défauts de la Femme ? qui rejaillissent sur l’écrivain ?

 

Qualités... patience, sensibilité, fidélité, courage et curiosité.

Défauts... (rire), trop patiente, devient dingue dès qu'une injustice se présente, têtue. 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 10:40

 

  A quatorze ans, ce fils de boulanger quitte l'école pour le fournil. Ça se sent.

 

Sa culture limitée est pleine de trous. Il connaît mieux le vignoble, les bateaux et la taïga que la littérature. A quinze ans, il écrit déjà des romans, mais ne sera publié qu'à trente-trois ans. Soutenu dès ses débuts par les plus grands (Maurois le comparait à Tchekhov), il sera toujours poursuivi par la hargne des roquets de la critique qui ne sauraient lui pardonner ses tirages.

I l déteste trop les intigues et le parisianisme pour rester à l'Académie Goncourt où il a pourtant de bons amis. Tout le temps que ne lui prennent pas ses déménagements, il le passe à écrire. La grande chance de sa vie comme de sa carrière est la rencontre de Josette Pratte, écrivain québécoise, qui, obligeant ce fonceur à retravailler ses oeuvres, va le faire accéder à une dimension qui lui permettra d'augmenter considérablement son public. Il aime à répéter que l'essentiel de son bagage lui vient de son enfance. Il voue un culte à ses parents, à sa tante Léa et à son oncle au képi blanc dont les récits des campagnes d'Afrique  ont bercé ses jeunes années jusqu'à l'inciter à s'engager. Mais la guerre et ses horreurs font de lui un antimilitariste forcené qui deviendra l'ami intime de Louis Lecoin. Il placarde aux murs de son bureau des phrases qui vont l'accompagner partout : "Ôtez les armées et vous ôtez les guerres" (Victor Hugo). "Le monde ne sera sauvé, s'il doit l'être, que par des insoumis" (André Gide).  Sa plus grande joie d'écrivain lui vient des écoles où il entre dès ses premiers romans publiés. C'est la revanche de celui qui, au fond, regrettera toujours de n'avoir pas eu de temps à consacrer à l'étude. Il sait pourtant que ce qui nourrit son oeuvre ne vient pas de ses lectures, mais de ce qu'il a vécu ; et Jean Guéhenno, dont il est heureux et fier d'avoir été l'ami, lui répète souvent qu'il lui envie son torrent de conteur. A ceux qui lui reprochent d'écrire trop il répondra en essayant jusqu'au bout d'écrire davantage, en transpirant toujours plus, faisant sa devise de ce mot de Mauriac : "Notre vie vaut ce qu'elle nous a coûté d'efforts."

 

Bernard Clavel

 

"Dictionnaire des écrivains contemporains de la langue française par eux-mêmes" 
(1988 - réédition augmentée Mille et une nuits, 2004)

 

 

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14 octobre 2010 4 14 /10 /octobre /2010 10:37

L’écrivain, qui vient de disparaître à 87 ans,   était l’auteur de plus d’une centaine de livres et avait su capter l’héritage  des grands conteurs réalistes

 

    Avec Bernard Clavel disparaît un des derniers grands écrivains populaires et un des derniers vrais écrivains du terroir. Il était né le 29 mai 1923 à Lons-le-Saunier d’un père boulanger et d’une mère fleuriste, dans un milieu où la vie n’était pas facile, où l’on ne pouvait acheter beaucoup de livres mais où la culture était respectée, où les récits oraux tenaient une grande place.

 

    Son enfance fut bercée par les récits de son oncle Charles dont il a fait revivre le visage dans Le Soleil des morts. De cet homme, né pauvre lui aussi, engagé dans les bataillons de l’armée d’Afrique au début du XXe siècle et qui vécut la Grande Guerre, puis les combats de la Résistance, il déclarait : "Il a contribué à fixer la couleur de mon âme." Son adolescence fut marquée par l’expérience traumatisante de l’apprentissage, traditionnel à l’époque pour qui ne pouvait – ou ne voulait plus, comme lui – continuer l’école.

 

    Et à l’école le jeune Bernard s’ennuya beaucoup, préférant la rêverie, la lecture, la fuite dans l’imaginaire. Son père ne voulant pas qu’il réalise son rêve – devenir peintre –, il se retrouva à 14 ans apprenti pâtissier à Dole où il subit les brimades d’un patron injuste et féroce, dont il devait se souvenir lorsqu’il écrivit La Maison des autres. Il lui

devait sans doute une part de son existence pleine de révoltes, de voyages, de fidélités aussi, à ses maîtres : Hugo, Giono, Jean Guéhenno, Simenon ou Romain Rolland, dont il adopta très vite le pacifisme.

 

 

Prix Goncourt en 1968 pour Les Fruits de l’hiver

 

     Pour gagner sa vie, il enchaîna les petits métiers, fut lutteur de foire, bûcheron, ouvrier dans une chocolaterie, dans une fabrique de verre de lunettes, vigneron, employé à la Sécurité cociale, relieur… Tous ces métiers, comme pour Gorki qu’il admira toujours, furent pour lui "ses universités". Sous l’Occupation, il rejoignit le maquis du Jura, présent dans plusieurs de ses livres. La découverte dans le grenier familial des ouvrages de Victor Hugo avait été pour lui une révélation. Il essaya quelque temps de vivre de sa peinture, puis il y renonça, et dans un premier temps, accumula les textes qu’il détruisait, subissant un échec pour son premier manuscrit.

 

    C’est en 1956 que René Julliard, grand découvreur, publia L’Ouvrier de la nuit, salué dès sa parution. D’emblée il fut encouragé par Jean Réverzy, Marcel Aymé et, ce qui peut étonner, Gaston Bachelard et Gabriel Marcel. De nombreux succès de librairie suivirent et Bernard Clavel allait être publié par un autre grand éditeur, Robert Laffont (décédé en mai dernier) : L’Espagnol (1959), Malaverne (1960) Le Voyage du père (1965), L’Hercule sur la place (1966).

 

    En 1968 paraît Les Fruits de l’hiver qui obtint le prix Goncourt. Il avait, contre le conseil de Robert Laffont, voulu être publié en février plutôt qu’à la rentrée. Son livre durant quelques mois ne suscita aucun écho, mais lui donna l’occasion de faire des signatures dans les usines, juste avant le fameux mois de mai. Il sentit que tout bouillonnait dans la France ouvrière. Ce roman est le quatrième tome d’une saga, "La Grande Patience", qui comprend La Maison des autres (1962), Celui qui voulait voir la mer (1963) et Le Cœur des vivants (1964) et constitue une évocation douloureuse de son enfance, de son adolescence et de ses parents. 

 

 

Son plus grand regret : que ses parents n’aient pu connaître son succès

 

     Son plus grand regret était que, morts, ils n’aient pu connaître son succès et           compris qu’il n’était pas simplement un peintre raté. À ces portraits succèdent des figures auxquelles tout au long de sa vie Clavel va s’attacher, des gens humbles, vignerons, rouliers, mariniers, petits artisans, compagnons du Tour de France.

 

    "Je suis, déclara-t-il un jour, essentiellement un romancier, un conteur,                   c’est-à-dire un homme qui porte en lui un monde et qui s’acharne à lui donner la vie."  De ses personnages, il avait coutume de dire qu’il ne les avait jamais imaginés, il les avait rencontrés, ils venaient de la vie. Pour les rencontrer, ajoutait-il, il fallait les chercher, souvent en voyageant. Bernard Clavel voyagea et déménagea sans cesse.

 

    Pourtant l’enracinement dans une région, autour de Lons-le-Saunier, autour de Lyon, est au cœur de son œuvre. Dès son premier roman, Vorgine, qui fut d’abord refusé, puis publié en 1956, le Rhône était présent, ce fleuve qui lui avait donné envie de peindre et d’écrire : "Le Rhône, ce sont des hommes, des femmes, tout un petit peuple parmi les lumières."

 

    Une autre grande saga éditée à la fin des années 1970 le ramena en Franche-          Comté : dans Les Colonnes du ciel, il faisait revivre la guerre et la peste qui ravagèrent cette région de 1635 à 1645. Et puis il revint à des paysages d’eaux et de forêts sauvages. Clavel avait toujours aimé l’hiver, les plaines gelées et silencieuses, les          vastes étendues de neige, les animaux en liberté.

 

    Les terres de l’Amérique du Nord qui lui rappelaient les saisons de son enfance lui inspirèrent une autre immense saga, "Le Royaume du Nord" (Albin Michel) où d’autres héros, les pionniers canadiens, entrent en scène, où les histoires sont proches de celles de Mayne Reid et de James Oliver Curwood.

 

 

Il possédait le souffle, le don de l’émotion, le lyrisme dans la simplicité

 

    Auteur d’une centaine de livres – romans, nouvelles, essais, contes pour enfants –, traduits en d’innombrables langues, lauréat de nombreux prix, Clavel était insensible aux honneurs, aux calculs, aux vanités du petit monde littéraire. Devenu juré Goncourt en 1971, il en démissionna en 1977. Insoumis, révolté par la souffrance et l’injustice, il s’opposa jusqu’à la fin à la corruption par l’argent, à la violence organisée, il se battit pour les enfants, les pauvres, pour la protection de la planète. Et il avait avoué que sa foi en Dieu s’effritait lorsqu’il regardait le malheur des hommes.

 

    Il s’était marié en 1945 avec Andrée David qui lui donna trois enfants. Il devait dire d’elle et de Jacques Peuchmaurd, qu’il avait connu chez Julliard, que s’il ne les avait pas rencontrés, il n’aurait jamais pu écrire. Plus tard, au Québec, il fit la connaissance de Josette Pratte, qui devint sa seconde épouse, sa première lectrice et qui s’occupa de l’édition de ses livres.

 

    Des romanciers du XIXe siècle, il possédait le souffle, l’aptitude à construire une histoire, à suivre des fils solides dans la narration, le don de l’émotion, le lyrisme dans la simplicité. D’eux aussi il a hérité un monde – des paysans, des artisans, des modes de vie, des traditions, des savoirs, des valeurs – tout un univers qui est en train doucement de disparaître.

*

par Francine de Martinoir

( La Croix – mardi 5 octobre 2010 )

 

 

 http://www.la-croix.com

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11 octobre 2010 1 11 /10 /octobre /2010 09:23

 

 Brigitte, quelle est la phrase qui te pose le plus de souci dans l’écriture ? L’incipit ?

 

     C’est en effet l’une des phrases difficiles, mais pas la seule ! Il faut l’écrire d’abord pour que les autres puissent suivre et puis la réécrire à la fin car, quand tout est fini, elle parait souvent maladroite. La dernière phrase n’est pas facile non plus !

 

·         Quel style préfères-tu ? style indirect libre… « je » ou « il »…

     

    « Je » est plus contraignant, surtout quand il s’agit d’un journal et que l’héroïne a donc déjà vécu ce qu’elle raconte. L’effet de surprise, le suspense sont plus difficiles à manier. Et l’intimité de l’auteur avec son personnage n’en est pas plus forte pour autant. J’ai passé un long moment avec Thomas et sa peur, tout en disant « il » au chapitre 7 des morsures de la nuit, le soir du lancer de couteaux, lorsque Thomas entend les lames siffler autour de lui. Ce fut un moment très fort (et facile à écrire alors que je m’attendais au contraire !), inoubliable pour moi.

      En fait, il est possible que ma pudeur m’empêche d’être tout à fait à l’aise avec le « je ».

 

·         As-tu la plume facile ? Où est-ce laborieux ? Te faut-il raturer beaucoup ?

    

      Je n’ai pas la plume facile. Je n’écris pas vite et je reviens longuement sur les phrases. Mais il y a aussi des moments de bonheur où ça coule tout seul. J’envie ceux qui écrivent 30 000 signes par jour, sans ratures. Moi, il me faut une semaine.

 

·         Comment définirais-tu ton style ?

      

         Imagé, souple. Elégant ?

 

·         Combien dure la phase avant l’écriture (recherches…) ? Et la phase d’écriture ? Combien écris-tu de livres par an ?

 

      Écrire deux romans par an est pour moi un maximum. Comme je suis aussi écrivain de documentaires, l’idéal est d’alterner. Car le documentaire, qui exige davantage de recherches, de connaissances, me permet d’évacuer la charge émotionnelle que j’ai accumulée en écrivant un roman. À propos des recherches : pour le roman, je les fais en amont, pour être sûre que la réalité historique colle avec mon scénario et aussi en cours d’écriture, quand c’est nécessaire. Et elles nourrissent parfois l’intrigue, par petites touches.

     Et puis, à mesure que s’approfondit ma connaissance historique, les recherches s’allègent…

 

·         Quelle phase préfères-tu ? La recherche des idées ? l’écriture ?

   

      Les deux sont liés. Après les premières idées, la suite du scénario vient souvent en écrivant. L’écriture est pour moi le plus difficile, mais aussi passionnant et fécond.

 

·         Quel place a le mot dans tes romans ? Le vocabulaire est-il très important pour toi ?

 

      Très important. Il m’est arrivé de me réveiller la nuit car je n’avais pas choisi le bon adjectif pour qualifier quelque chose. Parfois, alors que je ne suis pas devant mon ordinateur,  des phrases s’imposent à moi d’un seul coup. Alors je lâche tout pour les écrire, sinon elles s’envolent

 

·         Fais-tu attention à la longueur de tes phrases ? Pierre Bottero faisait des phrases courtes ; parfois, il ne les finissait pas pour laisser le soin au lecteur d’imaginer, de rêver et donc de les terminer lui-même.

 

       Des phrases courtes sont indispensables pour tenir le lecteur en haleine et puis parfois une ou deux phrases plus longues pour décrire une atmosphère et la laisser reprendre son souffle.  Personnellement, je finis mes phrases mais c’est souvent la fin du livre que je laisse entrouverte

 

·         Qu’est-ce qui fait que pour toi, une phrase est bonne ?

 

    Question difficile et réponses multiples : quand elle est belle à entendre, quand elle se glisse au milieu des autres sans en écorcher le flux, quand elle claque, quand on a les yeux qui piquent après l’avoir lue, quand elle a un beau rythme…

 

·         Utilises-tu beaucoup de documentation ?

     Moins maintenant que par le passé. Je sais mieux chercher, je trouve plus vite et parfois, quand je ne trouve pas, je me débrouille autrement… Cela fait 30 ans que je suis immergée dans le Moyen âge et la Renaissance, j’ai acquis et assimilé des connaissances qui me servent à bien des étapes de l’écriture et je sais qu’il y a encore des milliers d’aspects que j’ignore et autant de nouveaux angles d’approche à explorer.

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1 octobre 2010 5 01 /10 /octobre /2010 09:49

 

 

« L’écriture est un exercice spirituel, elle aide à devenir libre »

 

Jean Rouaud

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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 12:06

 

·         Brigitte, pourquoi écris-tu ? Est-ce quelque chose de facile à expliquer ?

      

       Non, très difficile. Je crois que j’écris pour garder la mort à distance. J’ai toujours un livre en gestation, cela me nourrit, me remplit, cela éloigne la peur de la mort. J’aurais pu peindre ou sculpter, cela m’aurait sans doute aidée pareillement, mais j’étais plus douée pour les mots… qui sont pour moi toujours des sources d’images.

 

·         C’est quoi être écrivain ? Ecrire c’est quoi ?

ça,     c’est la question la plus difficile, je la garde pour la fin et j’aurais peut-être répondu à travers les autres questions.

 

·         Que penses-tu des écoles américaines dans lesquelles on peut apprendre à écrire ? En France, elles n’existent pas. Quel écrivain es-tu ?

 

Pourquoi pas des écoles pour faire des progrès en écriture ? Les écrivains de l’école du Montana ont tout mon respect et même au-delà car je n’oublierai jamais DALVA de Jim Harrison. Ecrire est (aussi ) une technique, que l’on peut améliorer. Et apprendre à enrichir un scénario n’enlève rien à la créativité. À condition, bien sûr, de ne pas accepter des paquets pré emballés, censés plaire au public, au détriment d’une œuvre personnelle.

 

·         Arthur Ténor parle de lui comme étant un « explorateur de l’imaginaire. » As-tu une formule pour te caractériser ?

 

Moi je n’explore pas. Les images, les idées s’installent; j’ai plutôt l’impression d’une germination. En revanche, j’explore l’histoire, et parfois, au détour d’une recherche, éclate un détail, une anecdote que je vais placer dans un roman. 

 

·         L’écriture a-t-elle toujours été en toi ou est-ce quelque chose qui est arrivé tardivement dans ta vie ? Il y a t-il eu un élément déclencheur ?

 

Oui, l’écriture a toujours été en moi. Je me souviens d’avoir écrit un jour un texte sur un coucher de soleil, j’avais moins de 10 ans et j’avais déjà découvert à quel point c’était exaltant de « trouver les mots » pour exprimer exactement les images que j’avais derrière mon front.

 

·         Pour qui écris-tu ? A moins que ce ne soit pour un public ? Pour être lu ?

 

J’écris des textes pour qu’ils soient publiés. Un texte qui reste dans un tiroir est pour moi comme un enfant mort-né. Quand un livre est fini (surtout les romans) et qu’il part chez l’éditeur, j’ai l’impression d’offrir quelque chose au monde. Il m’est arrivé d’écrire aussi pour une personne en particulier, et de lui dédier le livre.

 

·         Le public/l’éditeur t’ont-ils influencé à un moment donné ?

 

Le public, oui. J’ai écrit La route des tempêtes (en partie) grâce à des lecteurs qui m’ont demandé une suite au Quai des secrets.  Et dans ce livre, j’ai donné de l’importance à un personnage secondaire (Guillemette, la cuisinière) parce qu’un garçon de 5° m’avait demandé peu avant ce qu’elle représentait pour moi. Je n’avais pas bien su lui répondre et il avait été déçu. Donc, je lui ai fait un clin d’œil en développant le personnage dans le tome 2. Et s’il ne l’a pas lu, ce n’est pas grave !

 

·         Cette fameuse imagination, d’où vient-elle ? De quoi t’inspires-tu ?

 

Enorme question ! Je m’inspire de tous les souvenirs, toutes les émotions qui sont dans ma « marmite », un espace très particulier situé entre la tête et le cœur. Il y a des mini souvenirs, des détails comme une glace au chocolat ou une dispute avec ma grande sœur, et puis des ambiances, de douceur, de peur, de culpabilité… Je crois que mon enfance et mon adolescence sont les moteurs de l’inspiration. S’y ajoute ma connaissance de l’histoire qui m’apporte de belles trouvailles. Exemple : en 1418, une armée est entrée secrètement dans Paris grâce à un jeune homme qui a ouvert une porte en prenant la clé sous l’oreiller de son père profondément endormi (et sans doute un peu ivre); j’ai glissé cet épisode et tout ce qui s’ensuit dans mon livre Pendant la guerre de Cent ans, journal de Jeanne Letourneur… Les exemples de cette sorte sont très nombreux. L’histoire, c’est la vie d’avant, aussi riche et complexe que la nôtre.

 

·         Comment procèdes-tu pour écrire ? Un plan ? des carnets ?

 

Oui, des cahiers partout, tout le temps pour noter une phrase, une image, des notes prises dans un bouquin, des idées, un prénom qui colle bien à un personnage…

Je fais un scénario avant d’écrire un roman, parfois très court. Quand j’ai commencé Les morsures de la nuit (Tome 1 des Poulfenc), j’avais pour scénario : c’est un jeune fils de chevalier, élevé dans un monastère, il sort du monastère car son frère étant mort, il est devenu l’héritier du château. Il  doit s’adapter à sa nouvelle vie, qui est rude, et il découvre vite qu’on a tué son frère…

 

·         A quel moment de la journée écris-tu ? Avec quoi ? Une heure précise ?

As-tu besoin d’isolement ?

 

J’écris toute la journée, parfois dès 6h du matin, mais jamais le soir. Directement à l‘ordinateur, sauf quand je suis en panne, (je prends alors mon cahier et crayon). J’ai un bureau, une petite pièce avec une jolie vue car je regarde souvent le ciel en travaillant. Et je suis seule, sans bruit, ni musique ! 

 

·         Qui te lis en 1er ? Un proche ? Pourquoi ?

 

Mon éditeur en premier, hormis deux ou trois exceptions où une amie a lu les premiers chapitres.  Au début de ma vie professionnelle, j’ai fait lire autour de moi et personne ne donnait le même avis, c’était très déstabilisant.

 

·         Qu’aimerais-tu écrire ? Un sujet que tu n’as pas abordé et qui te taraude ? un genre ?

       

  Peut-être une histoire au bord du fantastique, un roman pour adultes, ou jeunes adultes.

Cela ne me taraude pas, mais j’y pense.

 

·         Ecrire à 4 mains cela te tente-t-il ?

 

Oui, dans un genre roman épistolaire, ou dialogue, ou pièce de théâtre.

 

·         Est-il facile de vivre de sa plume ? Exerces-tu un autre métier ?

 

Non, pas facile ! Il y a eu au moins 15 ans de galère avant que j’aie suffisamment de livres pour que les droits d’auteur me permettent de vivre. Mais je n’ai pas d’autre métier. J’ai arrêté un jour les petits métiers annexes pour me consacrer totalement à l’écriture. c’était risqué mais il me semble que vivre de sa plume, c’est aussi une attitude de vie

 

·         Qualités et défauts de la Femme ? qui rejaillissent sur l’écrivain ?

La sensibilité, la peur, le doute, le goût de la beauté, l’exigence avec soi-même (et avec les autres aussi !) le sens de l’organisation, l’imagination (donc la capacité à interpréter, avec risques d’erreur !), la vivacité, le besoin d’indépendance.…, à la fois qualités et défauts, tout dépend de leur acuité. La femme et l’écrivain sont indissociables.

 

 

 

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 08:19

 

 

 

"Être écrivain, c’est la façon exemplaire, proclamée, de ne pas devenir un adulte."

 

François Nourissier,

Bleu comme la nuit

Photo ; http://bibliobs.nouvelobs.com/20080409/4340/nourissier-regle-laddiction

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 10:34

Maquette retouchée (épreuve où est prévue la place des futures illustrations. En général, les dernières corrections sont apportées sur l'épreuve ou la maquette) avec les suggestions de l'éditrice (en noir), les choix et leurs raisons de Philippe Barbeau (en vert).

 

Philippe Barbeau "Pas touche à mon copain" (Flammarion)

 

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5 septembre 2010 7 05 /09 /septembre /2010 10:22

 

 

« Sans personnage, pas de roman."

Anthony Burgess

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 09:11

Cécile, pourquoi écris-tu ? Est-ce quelque chose de facile à expliquer ?

Ah, zut, j'ai déjà répondu en partie. L'écriture est d'abord un geste, de la tête à la main, un dessin, un trait noir sur une feuille blanche. Ensuite, elle est tissage de ces fils qui sont nés de ce geste. Pourquoi j'écris ? Un jour où je me noyais dans des questions sans fin sur pourquoi écrire, quand Proust ou Rimbaud on tout écrit, une femme, une belle femme, ma marraine en écriture, a hoché la tête. Elle a tiré une longue goulée de sa cigarette brune, et, en regardant l'océan, elle a répondu : « Oui, ils ont tout écrit. Mais pas ce que toi tu vas écrire. » Alors, écrire ? Pour tisser des toiles au-dessus du quotidien, un filet pour ne pas tomber ?

 C’est quoi être écrivain ? Ecrire c’est quoi ?

Je dis souvent que je ne suis pas écrivain, mais auteur, créatrice de tel ou tel livre. Écrivain, c'est avoir travaillé assez les mots, le rythme, les sens, pour que coulent des rivières qu'on ne peut pas arrêter. Un jour, peut-être, quand j'aurais beaucoup travaillé...
Être écrivain, être auteur, artiste, c'est peut-être juste un regard, une attention particulière portée sur le monde, et donnée à voir.
 
Que penses-tu des écoles américaines dans lesquelles on peut apprendre à écrire ? En France, elles n’existent pas. Quel écrivain es-tu ?

Les ateliers d'écriture peuvent être un creuset où l'auteur se développe. Dan Simmons en est un exemple. Aurait-il écrit "pour de bon" s'il n'était pas passé par ces "écoles" ? Le formatage guette, bien sûr. Mais à chacun sa route.

Arthur Ténor parle de lui comme étant un « explorateur de l’imaginaire. » As-tu une formule pour te caractériser ?

Je n'aime pas les formules, elles figent, elles emprisonnent. Ne jamais céder à la tentation des formules, ça pourrait être mon crédo du jour.

L’écriture a-t-elle toujours été en toi ou est-ce quelque chose qui est arrivé tardivement dans ta vie ? Il y a t-il eu un élément déclencheur ?

On n'attrape pas l'écriture comme un rhume ! J'ai toujours aimé les histoires, j'ai appris à lire très tôt, en maternelle. Après les tulipes et le mécano de Rémi et Colette, une des premières histoires dont je me souvienne est... une chanson de Sheila ! Dans "Arlequin", il y avait tout ce que j'aime depuis : le théâtre, le secret, les grands auteurs. J'ai passé des heures en voiture à regarder le ciel, les nuages le jour, la lune et les étoiles la nuit, et je m'inventais des histoires. Je n'arrêtais pas. Alors est-ce que ça veut dire que j'avais "l'écriture en moi" ? Je pense que j'aurai pu faire des tas de métiers. Sans doute l'écriture est-elle le seul qui me permet de rêver tous les métiers en un seul.

Pour qui écris-tu ? A moins que ce ne soit pour un public ? Pour être lu ?

Pour l'enfant que j'étais ? Pour la vieille femme que je serai ? Pour le regard de cet homme, croisé dans le métro et qui avait l'air de courir après sa vie, pour tous les possibles, pour les instants improbables, pour la résonance des mots dans nos têtes, et pour le silence aussi.

Le public/l’éditeur t’ont-ils influencé à un moment donné ?

Certainement, et en même temps pas vraiment. J'essaie de ne pas perdre ma musique personnelle. Ni surtout le désir de faire.

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POURQUOI ce BLOG ?

 Le BLOG consacré
aux AUTEURS,
à la LITTERATURE JEUNESSE
et à L'ECRITURE
.

Enfants 1 199La lecture est une nécessité dans le monde moderne. Elle permet de maîtriser la langue, de développer l’imaginaire, de structurer la pensée, d’accéder au savoir, d'acquérir du vocabulaire... C’est pourquoi parents et enseignants se lamentent lorsque les enfants ne lisent pas et les ados encore moins. Pourtant, ils prendront PLAISIR à lire... pur cela, il suffit de les juindécembre2010 225aider à ouvrir la porte.

 

 

 

 

 

 

  

 

 

  

 

 Avec ce blog, j'aimerais :
 * faire découvrir la littérature jeunesse,l'écriture et les auteurs pour la jeunesse
partager une passion et pourquoi pas donner envie de lire et de rêver entre les pages.  

juindécembre2010 260Le livre est une véritable source de plaisir, de joie et d'émotion. Beaucoup d’élèves disent ne pas aimer lire. Je ne suis pas loin de penser que TOUS aiment lire, sans exception ! Le plus difficile pour eux est de parvenir à trouver dans la masse, LE livre, celui qui ne va pas les endormir… juindécembre2010 227LE LIVRE, celui qui va leur "parler", le livre qui leur correspond, le livre qui va leur remuer les tripes, les boyaux, les neurones, la tête !!!  

Enfants 1 178-copie-1Personne n'aime lire toutes les histoires, tous les livres. Evidemment. Il existe donc des "critères" à appliquer pour trouver et emprunter la perle, le livre qui va faire définitivement plonger dans le plaisir de lire !

Dans le livre on fait de merveilleuses rencontres, on découvre plein d'amis, on voyage, on s'ouvre sur le monde, on vit des aventures que l'on ne connaîtra jamais dans la vie de tous les jours : on embrasse des princesses, on escalade des rochers, on "zigouille" les méchants, on galope sur des chevaux lancés à la poursuite de terribles bandits ... bref, on fait de fabuleux voyages pour... "sourire, rêver et aimer" (Lisez "Le type" de Philippe Barbeau.) !!

Enfants 1 258Dans ce blog, il sera question des hommes et des femmes qui écrivent : les écrivains pour la jeunesse. Les ouvrages de littérature jeunesse de qualité seront présentés, racontés, "décortiqués"...
Vous lirez des interviews de professionnels, vous découvrirez des portraits, le monde de la chaîne du livre (éditeurs, imprimeurs, libraires...), vous trouverez également des conseils, vous ferez des rencontres, participerez à des débats, vous lirez des expériences d'animations pédagogiques autour des livres, vous découvrirez des "paroles" d'élèves, d'enseignants, des textes et.... plein d'autres choses encore !

juindécembre2010 224

 Brigitte Coppin 015
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    "Les gens qui aiment lire sont rarement des salauds !"
Xavier-Laurent PETIT
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  SPECTACLES

   

  "Salomon, vous vous rendez-compte ?"

de Christophe Boutier

 

spectacle radeau 010 

 

Sa majesté des couches"

de Christophe Boutier  

 

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  Une comédie en V actes écrite et mise en scène par Christophe Boutier

L’histoire de la séduction, de l’enfant et de sa famille depuis la préhistoire jusqu’à l’enfant-roi du XXIème siècle.

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Sur scène, il y avait :

- 14 comédiens 

- Six musiciens professionnels dont Michel Léger, accompagnateur de vedettes de la chanson et du cabaret, telles que La Bande à Basile, Daniel Guichard, Zanini, Jean Constantin, André Aubert (Don Patillo)...

- la chorale du collège de Xavier Bélanger (professeur d'éducation musicale qui a mis en musique le spectacle) qui a interprété des chansons de variété en rapport avec l'enfance.

- des projections murales assurées par les élèves de l'option image (Eddy Dabrigeon...) du collège, option dirigée par Cécile Cotten,  professeur d’Arts plastiques.

  19.JPG 20.JPG

 

Les spectacles précédents

 

2013- Le temps du maquis"

2012 - "Salomon, vous vous rendez compte ?"

2011 - "Sa majesté des couches"(Gannat)

2010 - "Hommes-Femmes, nos amis les bêtes"  : 2ème épisode (Gannat)

2010 - "Un zèbre sur la banquise" (Gannat)

2009 - "Hommes-Femmes, nos amis les bêtes " : 1er épisode (Lapalisse)

2008 - "La farce vaudevillesquement tragique de la chambre forte du jugement dernier. " (Lapalisse)

2007 - "Le terrier zeixcoussois en Zinzinmouli ou la complainte des comédiens en danger" (Saint- Prix)

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    Un grand MERCI donc à tous les écrivains jeunesse
 que j'épuise et à qui je donne mal à la tête !!!
Ah ! Ah !!

Enfants 1 224Christian Grenier, Eric Boisset, Alain Grousset, Alain Surget, Béatrice Nicodème, Anne-Marie Desplat-Duc, Susie Morgenstern, Arthur Ténor, Hubert Ben Kemoun, Jean-Côme Noguès, Marc Séassau, Fabrice Colin,  Lorris Murail, Roger Judenne, Philippe Barbeau, Anne Ferrier, Evelyne Brisou-Pellen, Eric Sanvoisin, Christophe Léon, Jean-Luc Luciani, Béatrice Egémar, Magali Herbert, Guy Jimenes, Jean-Claude Mourlevat, Raymond Perrin, Jean-Baptiste Evette, Marc Cantin, Claire Gratias, Christophe Miraucourt, Xavier Bascour, François Librini, René Gouichoux, Yaël Hassan, Jean-Marc Ligny, Marie-Aude Murail, Cécile Roumiguière, Brigitte Coppin, Dorothée Piatek, Sophie Audouin-Mamikonian, Fanny Joly, Johan Héliot, Jack Chaboud, Jean-Luc Marcastel, Stéphane Daniel, Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas, Jean-Paul Gourévitch, Michèle Laframboise., Florence Hinckel, Christophe Loupy, Lénia Major, Viviane Koenig, Marie Mélisou..

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... évoque le BLOG sur la littérature jeunesse.

 

"Des conseils pratiques de pro à pro, des interviews délicieuses et des
articles écrits par des écrivains ou des éditeurs, des bibliographies,
des réflexions sur la littérature jeunesse, des coups de coeur et
 des anecdotes...On trouvera tout cela (!) sur le blog de C
hristophe
Boutier, professeur documentaliste  au collège de Gannat (Allier).

Les petits articles de réflexion sur certains aspects de la littérature
jeunesse sont parmi les plus intéressants, d'autant plus qu'ils soulèvent
parfois des points souvent peu vus : les genres relevant de l'imaginaire
et les critères de classification (science fiction, fantasy...), les styles
d'écriture (classique, moderne…), ou encore le souci de la véracité dans
les romans historiques jeunesse.

En plus de cela, on trouvera une liste impressionnante de sites
d'écrivains  et des ressources diverses et variées qui émaillent les
articles (liens vers des  sites de séries jeunesse, des conférences
en ligne...), des « trucs et astuces » de Doc pour aimer et faire
aimer la lecture, des bibliographies...

Si la mise en page gagnerait à être un peu plus claire et lisible, le côté
bric-à-brac (où on flâne volontiers de longs moments) perdrait de son
charme...

Par un prof-doc amoureux et défenseur acharné de la littérature
jeunesse.
"

 

Rubriques

CULTURE au CDI de Gannat

Collège de Gannat (03)

" Fête de la culture, de la lecture et de l'écriture"

  Mai 2013 - 4ème édition

Eric Boisset 

Mai 2013 145

ArthuArthur Ténor 024r Ténor

Alain Surget 

Alain Surget 053

 

Mai 2012 - 3ème édition

 Jean-Luc Marcastel

jean-luc-MARCASTEL-010.jpg

Brigitte Coppin 

      Brigitte-Coppin-013.jpg

 

Mai 2011 - 2ème édition

Philippe Barbeau, Christian Couty

juindécembre2010 236

Béatrice Nicodème

 

juindecembre2010-245.jpg

 

Juin 2010 - la 1ère édition :

 

Alain GROUSSETet Christian GRENIERétaient parmi nous pour évoquer la Science-Fiction (SF) etpour débattre des nouvelles technologiesqui pourraient "tuer » les livres...

 Enfants 1 196

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Le nouveau spectacle du collège

Joseph Hennequin de Gannat, dans l’Allier.

 

 

La troupe de théâtre du collège Hennequin, composée cette année de 30 comédiens issus des quatre niveaux de classes, a réalisé un film (un vrai ! en noir et blanc)écrit par Christophe Boutier, professeur documentaliste, « Le temps du maquis» (vendredi 14 juin 2013, centre socio culturel de Gannat). Xavier Bélanger, professeur d’Education musicale, assurera la mise en musique.

Ce film présente la dure réalité de la vie quotidienne et clandestine, au milieu de la forêt,d’hommes et de femmes – les maquisards - remarquablement courageux qui recoururent, au péril de leur vie, à la guérilla pour s’attaquer à la milice du Maréchal Pétain et aux troupes d’occupation allemande.

Ce spectacle entre dans le cadre du projet « Devoir de mémoire », une option du collège menée en classe de 3ème. Les 16 élèves de cette option dirigée par M. Bellet, professeur d'Histoire, présenteront la soirée :

En 1ère partie, un court métrage : Roger VENUAT, résistant dans le maquis de Hérisson (Allier, 03), au collège Joseph Hennequin.

En 2ème partie, la pièce de théâtre, « Le temps du maquis »

ENTREE GRATUITE

  

QUI SUIS-JE ?

Je suis Christophe BOUTIER, professeur documentaliste au collège de Gannat (1 rue Joseph Hennequin. 03800 GANNAT) , dans l’Allier, en Auvergne.

Passionné par la littérature jeunesse, l'écriture, la lecture... j'ai découvert, grâce à ma profession cette littérature - une vraie littérature ! - qui comporte de magnifiques textes. Et derrière des mots adressés, peut-être davantage aux enfants, aux adolescents - quoi qu'un bon texte doit pouvoir être lu par tous sans aucune histoire d'âge ! - se cachent des écrivains adorables, des personnes d'une incroyable richesse humaine, intellectuelle et culturelle, des gens de talent que j'ai/j'ai eu la chance pour certains de côtoyer !

Aujourd'hui, j'éprouve le besoin de partager mon amour des auteurs jeunesse et de leur oeuvre ! je compte également sur vous lecteurs pour faire vivre ce blog, mutualiser nos expériences, nos connaissances, nos réflexions et... débattre.

 
Mon autre BLOG, celui du CDI du collège de GANNAT :
http://www.cdi.gannat.over-blog.com