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Présentation

  • : Le blog de CHRISTOPHE BOUTIER, professeur documentaliste au collège de St Germain-des-Fossés, dans l'Allier
  • : Blog qui a pour objectif de parler de la littérature jeunesse, des écrivains jeunesse... pour donner le goût de lire aux adolescents. L'objectif est également d'intéresser à la culture. Il s'agit aussi de faire découvrir cette littérature à part entière aux adultes.
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Le Vampire Du Cdi

  • Le cédéiste
  • Je suis le "VAMPIRE d'un CDI" auvergnat !

ANECDOTES

Pierre BOTTERO,

le Seigneur des ados !

 

Pierre Bottero était fier d’être un auteur jeunesse - une littérature qui n’a rien à envier en qualité à la littérature « vieillesse. » S’il n’était pas qu’un auteur de fantasy, il faut bien reconnaître que c’est à cette littérature de l’Imaginaire qu’il dût son incroyable succès !

Dès l’enfance, il tombait dans la marmite de la fantasy. Il dévorait Tolkien (Un choc ! S’en suivi, plus tard, l’idée que la fantasy ne pouvait s’écrire que sous la forme d’une trilogie), Zelasny, Farmer, Moorcock, Vinge, Howard… Les grands noms qui allaient lui permettre de devenir l’auteur que nous connaissons. Plus tard, il appréciera les auteurs « jeunesse » tels que Erik L’homme, Hervé Jubert, Fabrice Colin ou Philip Pullman, Eoin Colfer pour ne citer qu’eux. Il n’y a pas de concurrence en littérature jeunesse, les auteurs s’apprécient, se côtoient, se téléphonent, se rencontrent, se parlent, rêvent ensemble d’histoires communes. Ainsi Erik L’Homme et Pierre imaginaient ensemble, « A comme assassins »…

De ses lectures, Pierre Bottero ne devait pas ressortir indemne.

C’est par hasard qu’il se lançait dans l’écriture, pour aider sa fille qui séchait devant un concours d'écriture : il rédigeait quelques pages sur son ordinateur, se piquait au jeu, poursuivait (son épouse réclamait la suite), envoyait le texte à un éditeur qui le publiait... Il était dit qu’il n’arrêterait plu. Marqué à tout jamais par Tolkien, il était évident qu’un jour, il s’essaierait à la fantasy. C’est ainsi que naquirent « La quête d’Ewilan », « Les mondes d’Ewilan » et « Le pacte des Machombres. »

 

 

 

Pierre Bottero se fichait éperdument du cadre dans lequel on allait placer ses romans. Mais pour les « techniciens, l’auteur lui-même évoquait la Low Fantasy. Il s’agit d’une low fantasy - inspirée par ses jeux d'enfant, ses rêves d'adulte, ses lectures et les émotions ressenties au quotidien - dans laquelle existe un équilibre entre le bien et le mal, le courage, la volonté et la détermination où domine le désir de tout ramener à des intérêts individuels (égoïsme forcené, aveuglement quant à la mise en danger des équilibres…). Un parallèle pourrait d’ailleurs être établi entre le chaos décrit et notre monde réel. Mais attention. Les propos de Pierre ne demeurent pas sombres, ils restent optimistes. Pour avancer ! Avec pour personnages principaux des… femmes. Pierre était fondamentalement féministe. Il aimait à dire qu’il y avait moins de « cons » chez elles que chez les hommes. Toutefois, Pierer Bottero n’a jamais cherché à donner des leçons, il se méfiait trop pour cela des « transmetteurs » de valeurs et des donneurs de leçons. Le livre était pour lui un objet de partage.

Ce partage, il l’avait avec sa famille qui appréciait ce qu’il écrivait et qui le rassurait : Claudine, son épouse, ses deux filles lisaient ce qu’il écrivait avant publication.

 

 

 

Lorsque Pierre Bottero était invité dans un salon du livre pour une dédicace, il faisait partie des auteurs les plus demandés (il ne faisait pas bon signer à côté de lui !) : les impressionnantes files d’attentes composées de lecteurs (jeunes et moins… jeunes !) en témoignaient. C’est avec émotion qu’ils recevaient tous les messages de sympathie et… d’amour. Ses livres touchaient, ses histoires permettaient le partage et faisaient rêver, Pierre vivait alors une aventure … magique.

Il avait beau affolé le compteur des ventes, ce qui avait un réel impact sur lui, c’était :  de percevoir la flamme dans les yeux de ses « fans » (euh ! il n’aimait pas le mot), de recevoir leurs avis, de parler avec eux.

Tant d’amour le gonflait à bloc et lui transmettait une énergie positive.

C’est pourquoi, ce succès (qui lui permit d’abandonner son métier d’instituteur) qu’il percevait intensément, à la fois avec bonheur (évidemment !) et tranquillité, lui donnait également un sentiment de responsabilité. Ainsi, s’il savait se montrer reconnaissant envers ceux qui l’avaient aidé à améliorer son écriture (Caroline Westberg, son éditrice chez Rageot), il avait également de la considération pour ce public à qui il devait tant. Quand vous rencontriez Pierre, assis derrière sa table de dédicace, vous aviez le sentiment qu’il n’attendait que vous ! Pierre veillait soigneusement à être proche de son « public », un de ses… bonheurs. Il respectait humainement ses visiteurs et ses lecteurs en leur offrant des histoires dont il voulait qu’elles évitent facilité et démagogie. Il apportait ainsi beaucoup de soin et d’exigences aux corrections, un travail exigeant, vorace en temps et en énergie.

 

L’écriture de Pierre Bottero avec « Le pacte des marchombres » avait atteint une belle maturité. C’est ce que Pierre lui-même soulignait quand il affirmait que « c’est en écrivant qu’on apprend à écrire. » En effet, cette dernière trilogie qui met en scène le personnage d’Ellana est moins légère, plus complexe, que celle de « La quête d’Ewilan » : l’auteur avait eu le sentiment d’avoir grandi, évolué et de s’être trouvé, un sentiment accompagné par le désir de partager encore davantage avec le lecteur. Pierre Bottero était un homme intègre, voilà pourquoi il continue d’être autant aimé. A la lecture de ses trilogies, cette sincérité transpire. Pierre prenait un immense plaisir à écrire, à « rêver », à imaginer le monde (issu d’un vieux rêve de liberté absolue) d’Ewilan, d'Ellana. Il prenait un immense plaisir lorsque d’autres que lui se baladaient dans "ses" mondes. Pierre Bottero écrivait pour être lu mais aussi pour explorer des contrées inconnues (se connaître lui-même ?) et entraîner à sa suite tous ceux qui étaient tentés par l'aventure... Quand il mettait le point final, c’était à la fois une joie (celle d’avoir terminée et d’être satisfait du résultat) et une déchirure (celle de quitter l’univers crée)… Un sentiment d'être coupé d'une part de soi-même avec l’irrésistible envie de replonger très vite.

 

Pierre le « poète » accordait beaucoup d’importance au travail de réflexion qui précède l’écriture. Lorsqu’il attaquait le premier chapitre d’un roman, la trame générale était dans son esprit, il connaissait très bien ses personnages. Ensuite, plongé dans le cœur du roman, il écrivait sans arrêt, du matin au soir, parfois pendant la nuit. Puis, il pouvait ne plus écrire pendant des semaines Enfin, presque car il écrivait toujours… dans sa tête. Quand il n’écrivait pas, il écrivait sans écrire. Pierre était un homme normal qui aimait lire, courir, menuiser, bucheronner, voyager, rencontrer, parler, rêver… et sourire ! Ah, ce sourire !I

L’écriture de Pierre était une écriture « vraie », sans complaisance, une écriture qui venait des tripes, un cadeau offert au lecteur. Il n’était satisfait que si les mots qu’il employait correspondaient réellement à ce qu’il souhaitait écrire. Cette honnêteté, il la devait à ses lecteurs. Pierre était un travailleur qui reprenait, sans cesse, son récit, la cohérence, le fond, la forme… C’est pourquoi il prenait grand soin, malgré les pressions des lecteurs, de ne pas chercher à publier, à tout prix, trop rapidement. Il était persuadé qu’il valait mieux patienter et faire patienter plutôt que de se décevoir et décevoir. Il pendait qu’il fallait laisser le temps à l’histoire de pousser, à son rythme...

 

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   "Le Loup à la voix de miel"
Marc SEASSAU (Grasset jeunesse)

J’ai fait venir dans le collège où je travaillais alors, l’écrivain Marc Séassau.  La journée fut belle et pleine d’émotion notamment lorsque Marc anima une rencontre à deux voix (j’adore organiser ce genre de rencontres : 2 auteurs face à une classe en même temps !) avec Jean-Côme NOGUES qu’il avait adoré lire lorsqu’il était ado.

Marc Séassau a écrit ce roman « Le loup à la voix de miel » parce qu’il a été marqué par sa convocation comme juré dans une affaire de viol. Dans son récit, il narre l’entrée en 6ème d’une petite fille qui, anonymement, dépose des extraits de « Peau d’âne » dans les poches, de sa « marraine », une élève de 3ème.  L’appel au secours était évident !

Cette rencontre a déclenché un phénomène pour le moins inattendu dont j'ai été le témoin, involontaire : il m'a fallu trois semaines pour comprendre ce qui m’arrivais !

Je trouvais régulièrement par terre, dans le CDI, toujours disposées par deux, des photos représentants des scènes classiques de la vie d'une famille avec une de nos élèves de 6ème (anniversaires...). J'ai évidemment rendu ces photos à l'élève qui, agressive, semblait ne pas comprendre pourquoi je détenais son bien. C'est tout juste si elle acceptait de reconnaître qu'il s'agissait d'elle sur les clichés ! Ces scènes se sont régulièrement reproduites ( trois, quatre fois pendant trois semaines) jusqu'au jour où j'ai eu un déclic  : une seule photo sur le sol évoquant la petite sur les genoux d'un homme. J'ai de suite compris (Peau d’âne !), j'ai alerté l'infirmière, la Principale du collège... Cette élève avait eu l’idée de reproduire ce que l’héroïne du roman faisait.
Voilà ce qu'uns simple rencontre d'écrivain peut entraîner en dehors du plaisir de lire.
Le roman avait libéré la parole de l’élève !


Nous en avons évidemment parlé avec Marc Séassau qui était évidemment KO : comment ne pas l'être ? Il avait écrit ce roman un peu dans un but pédagogique mais quand la réalité dépasse la fiction...

Recherche

PERLES de LECTURE

 Le collège de Gannat

 a voyagé dans le temps !

 

 Après la lecture des romans historiques jeunesse de Béatrice Nicodème....

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« Oyez ! Oyez gente dames et damoiseaux ! Entrez dans le Moyen Age ! » Ainsi s’est écrié le troubadour, jeudi 9 juin 2011, dans la plaine gannatoise : deux cent élèves de 5ème du collège Hennequin et CM2 des écoles du Malcourlet, de Pasteur et de Jean Jaurès ont bravement et « prestement » effectué le « pas sur le côté » pour revêtir leur cotte de maille et ainsi plonger en plein XIVème siècle.

  

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  Pour rendre vivant et attractif le Moyen Age, période étudiée en classe et encore largement visible dans la cité des portes occitanes, Gannat, douze comédiens et cascadeurs professionnels de la compagnie toulousaine ARMUTAN, ont chevauché leurs destriers pour répondre à l’olifant de Christophe Boutier, professeur documentaliste, initiateur de cet imposant projet, « Cultures, loisirs et genres de vie au Moyen Age », un projet fédérateur d’énergie d’une année.

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Un campement faits de plusieurs tentes, de peaux de bêtes, de râteliers d’armes, de tonneaux… a été établi dans la partie herbeuse et arborée de l’établissement scolaire. Les écuyers – élèves, aux yeux brillant de plaisir, répartis en six « compagnies » de « routiers » qui répondaient au nom d’un  célèbre homme de guerre, du Guesclin, Prince noir ou bien d’un roi, Philippe Auguste…ont défilé avec leurs bannières dans les sept ateliers pédagogiques pendant six heures.  Ainsi, ils ont été initiés à l’archerie, au maniement des armes, au combat rapproché, à l’héraldique – l’art de faire son blason – à la danse, aux instruments et à la musique, à la jonglerie… Le capitaine « Barbepeste » et ses sbires ont alors conquis la « piétaille » qui après explications et démonstrations, devait mettre en pratique l’enseignement de leurs maîtres…  

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 Les corps fatigués furent réparés par le succulent banquet médiéval régional (tortillons gannatois, galichons d’Escurolles, fromages de chèvres de Bellenaves, Fraises bourbonnaises sur lit de fromage blanc de campagne de Cérilly étaient inscrits sur le très beau papier imprimé à l’ancienne par le moulin Richard de Bas ), pris en musique, et proposé par le chef, Sylvain Bruno. Une projection d’images, capturées dans la matinée, proposées par les élèves de l’atelier image du collège lors du repas, a également ravi les convives.

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En fin d'après-midi, les petits occitans, tout sourire, étaient regroupés pour assister à un spectacle de jongleries burlesques proposées par « Grand mètres Yann »,  à de la poésie lyrique, et à une impressionnante saynète de combats à l’épée accompagnée par la musique du groupe DAYAZELL.

 

Quel bonheur ! Quelle joie d'avoir vu les yeux des enfants pétiller de plaisir ! Quel  moment de vie ! Il ne fait aucun doute que cette journée unanimement saluée comme étant extraordinaire restera gravée dans les mémoires.

  351.JPG Alors, un grand MERCI à tous ceux qui ont participé à la réussite du projet ! Les personnels du collège Hennequin, la mairie de Gannat, les mécènes, les comédiens si sympathiques et bien sûr…les élèves !

 

Pour en savoir davantage :

 

RV sur le blog du collège de Gannat (03),

une 100e de photos...

 

http://cdi.gannat.over-blog.com/

 

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A propos de ce blog !

 

Lu dans « La nouvelle encyclopédie des filles 2011 » de Sonia Feertchak ((Plon)

 

« Le blog passionné et passionnant d’un professeur documentaliste  fou de littérature jeunesse, pour « sourire, rêver, aimer ». Des articles vivants sur la lecture, qui donnent envie de découvrir plein de livres et autant d’auteurs

 

 

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A lire, vraiment !




 

 

 

 

 

 

 

 

   

A travers de nombreuses anecdotes Christian Grenier évoque son enfance placée sous le signe du théâtre et de la lecture, son adolescence marquée par l'écriture et la passion. Il relate son parcours d'enseignant, d'auteur mais aussi de lecteur-correcteur, journaliste, scénariste et directeur de collection. Il se penche également sur les mécanismes intimes de l'imaginaire, détaille la genèse de ses oeuvres et fait pénétrer le lecteur dans les coulisses de l'écriture et de l'édition. Enfin il s'interroge sur les principes qui font d'une fiction un récit pour la jeunesse. Regorgeant de confessions, de convictions et de passion, ce témoignage d'une vie consacrée à la littérature jeunesse se lit comme un roman.
 

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    "Des millions de gens vivent sans lire, mais ce qu'ils ignorent,

c'est qu'on vit infiniment plus en lisant."

Xavier-Laurent PETIT

  

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Je vous livre l'adresse du blog de mon nouveau cdi et collège : http://colllafontaine.over-blog.com/

 

depuis octobre 2009

 

 

27 septembre 2012 4 27 /09 /septembre /2012 11:04
  
Jacques a répondu aux questions de Sherryn, une lectrice suisse, passionnée de livres et créatrice d’un site littéraire, désireuse d’approfondir avec lui certains aspects de son roman : 1212, la croisade des Indignés

Sherryn : D'où vous est venu ce désir d’écrire sur la croisade des petits ?
 
Jacques Cassabois : D’une rencontre avec un livre. La croisade des enfants de Bernard Thomas. Ce roman, lu en 1988, m’a happé. J’avais l’impression d’être concerné personnellement, intimement. Un peu comme s’il me rappelait de très anciens souvenirs. Et je me suis mis à rêver de traiter à mon tour ce sujet. Mais j’ai bien été obligé de me rendre à l’évidence : je ne pourrais jamais écrire un bouquin pareil ! Le temps a passé. À plusieurs reprises, cette envie est revenue me harceler, toujours sans résultat. Décidément, ce sujet n’était pas, ne serait jamais pour moi. Et j’éprouvais cette déception un peu amère que l’on éprouve toujours devant ses limites.

Puis, la croisade est revenue m’aiguillonner après la parution de Jeanne, en 2010. Dès mes premières recherches, j’ai eu l’impression que cette tentative risquait d’être la bonne. En effet, j’ai découvert (béni soit internet) un mémoire de l’historien américain Gary Dickson, paru en 1995 dans la revue de l’École des Chartes, sur la genèse de la croisade des enfants. Cette étude a vraiment été mon sésame.

 

Sherryn : Quel symbole voyez-vous dans leur entreprise ?
 

Jacques : Un symbole de responsabilité. Un encouragement à faire ce que l’on croit juste, coûte que coûte, sans revendiquer que d’autres le fassent à notre place. Être à l’écoute du navigateur intérieur et nous laisser diriger. Exalter nos forces de vie, même si l’on est petit.

 

Sherryn : Comment vous est apparu ce parallèle entre leur croisade et la révolte des Indignés de 2012 ?
 
Jacques : J’ai d’abord été frappé par des similitudes entre les mouvements, pour découvrir après réflexion en quoi ils divergeaient. C’est pour cette raison que j’ai utilisé dès le titre le mot « indignés » qui n’apparaît jamais dans mon roman. Je voulais attirer l’attention des lecteurs, pour les inciter eux aussi à une comparaison.

Pueri et Indignés se ressemblent en effet par quelques points : la défiance des petits à l’égard des grands qui trahissent toujours leurs engagements, la stigmatisation de la richesse, un rêve égalitaire de justice. Ils sont cousins aussi par leur mode de rassemblement : une attente disséminée qui se cristallise soudain, une spontanéité imprévisible, une propagation fulgurante...

En revanche, ils divergent sur le fond par la radicalité de l’engagement et le désintéressement.

En effet, les pueri prennent position sur une des questions majeures qui agitait leur société : la reprise de Jérusalem aux musulmans. L’occupation des Lieux saints était vécue comme un désespoir, une souffrance amère ressentie par tous et chaque jour. Au point que devant l’absence de résultats et la duplicité de leurs dirigeants, les petits se sont dressés. Pas pour protester mollement, mais pour agir avec détermination, rompant les amarres, quittant leurs familles et mettant leurs vies en jeu. On est loin des manifs de nos indignés qui rentrent chez eux chaque soir après avoir battu le pavé ou qui s’attardent en happenings festifs sur l’espace public jusqu’à ce que la police les déloge.

Les petits de 1212 partaient sans espoir de retour, liés par un serment sacré : il s’étaient croisés ! De ce serment, seul le pape pouvait les délier. Ils ne faisaient pas semblant.

D’autre part, ils n’agissaient pas égoïstement, pour améliorer leurs conditions de vie, défendre leurs droits acquis ou un accès moins onéreux à l’université, mais pour sauver l’Occident ! Leur naïveté peut évidemment faire sourire nos consciences confortables et prévenues de tout, mais reconnaissez qu’ils nous font prendre un peu de hauteur et apercevoir les cimes ! Pour rivaliser d’ambition avec eux, il faudrait que nos indignés se mobilisent sur des questions cruciales. De civilisation ! La course effrénée à la croissance, par exemple, notre boulimie énergétique qui nous pousse vers l’abîme d’une catastrophe climatique, la destruction des océans, que sais-je ? Voilà de vraies raisons de s’indigner, pour arracher à nos gouvernants un ralentissement, les obliger à se tourner radicalement vers les énergies propres, à élaborer des systèmes de consommation fondés sur le partage des biens, le respect des écosystèmes…. Notre défi d’aujourd’hui, ce n’est plus la protection de l’occident chrétien comme au XIII è siècle, mais la sauvegarde de la planète et la survie de ses habitants. Nous devrions tous être des indignés en puissance. À nous de concrétiser, de faire monter notre indignation pour la hisser au niveau de ces enjeux ! En sommes-nous capables ? Tenez, voici un exemple concret : pour commencer à nous rapprocher des pueri de 1212, il faudrait qu’aujourd’hui, en France, on puisse s’indigner furieusement de la baisse artificielle du prix de l’essence qui nous renforce dans l’illusion  que les énergies fossiles vont perdurer et nous masque la nécessité de nous adapter dare-dare à leur disparition !... Voilà une vraie raison de s’indigner pour provoquer une prise de conscience.

 
Sherryn : Quels sont les personnages dont l’existence historique est avérée et quels sont ceux nés de votre imagination ? Et comment ces derniers y sont-ils apparus ?
 
Jacques : Étienne est le seul. Tous les autres sont fictifs.

Vous savez, les chroniques des moines du XIII è siècle sont plutôt avares de détails. Voici par exemple un extrait de celle dite de l’Anonyme de Laon, qui est une des plus développées. D’autres chroniques (il y en a en tout 38) ne citent même pas Étienne.

« Au mois de juin de la même année (1212), un enfant, un pâtre, du nom d’Étienne, qui était de la ville nommée Cloies, proche du château de Vendôme, disait que le Seigneur lui était apparu sous la figure d’un pauvre pèlerin. Après avoir accepté de lui du pain, il lui avait donné des lettres adressées au roi de France. Comme il se rendait auprès de celui-ci avec des pâtres de son âge, on se rassembla autour de lui de diverses parties des Gaules, au nombre de près de trente mille personnes. Pendant un séjour qu’il fit à Saint-Denis, le Seigneur opéra par ses mains de nombreux miracles en présence de beaucoup de témoins. »

« Il y avait alors en divers lieux des enfants qui étaient en grande vénération, parce que la foule du peuple croyait qu’ils avaient opéré des miracles. La multitude des enfants se porta vers eux afin de partir sous leur direction pour rejoindre le saint enfant Étienne. Tous reconnurent ce dernier pour leur maître et leur chef. »

Voilà ! Ensuite, c’est à vous d’imaginer ce que ce jeune pâtre avait de si particulier pour convaincre tant de gens de le suivre et comment les choses se sont déroulées. Parce qu’elle est là, l’énigme, vous comprenez ? COMMENT ? Comment il s’y est pris ce jeune gars, sans moyens de diffusion à sa disposition pour rameuter sa bande de guenilleux ? C’est pas complètement dingue, ça ? Il fallait que les cœurs brûlent d’une sacrée ferveur, vous ne croyez pas ? Quels incendies !

 

Sherryn : Sait-on ce qu’est devenu Etienne ? Quelle est votre opinion à ce sujet ?
 
Jacques : Non, les chroniques monastiques ne disent rien sur sa fin. Il a eu le même sort que ses compagnons, vraisemblablement. Soit il est mort avant d’arriver à Marseille, soit il se trouvait dans un des deux vaisseaux qui ont sombré au large de la Sardaigne, auquel cas il s’est noyé, soit enfin il fait partie de ceux qui ont été vendus aux barbaresques qui écumaient la côte nord de l’Afrique. L’Islam autorisait la pratique de l’esclavage (par exemple, il a perduré jusqu’à la fin du XIX è siècle à Zanzibar où il n’a été aboli officiellement qu’en 1890), contrairement au christianisme qui l’interdisait alors aux chrétiens.
Sherryn : La croisade des enfants s’est mal terminée, pensez-vous qu’il en sera de même pour les Indignés de notre époque ?
 
Jacques : Pourquoi mal terminée ? Parce que les croisés n’ont pas délivré Jérusalem ? Parce que la plupart sont morts ? Je ne vois pas les choses de cette manière. On ne peut pas juger leur entreprise avec des critères d’échec ou de réussite comme une performance sportive ou un exploit héroïque. Les pèlerins de 1212 accomplissaient une prouesse spirituelle. Il faut la considérer sous l’angle de la spiritualité.

Étienne à un moment dit ceci à ses compagnons : « La vraie bataille se livre ici, sur le chemin, contre la fatigue, la faim… Jérusalem est déjà dans nos cœurs. »

L’instant qui passe est un maître, surtout quand il nous est rebelle. Rien à voir avec cette caricature d’ « instant présent », si prisé de nos cigales contemporaines. Notre capacité à l’accueillir, à comprendre les révélations qu’il a à nous faire, à le prendre à bras le corps quitte à nous laisser acculer à nos limites, contribue à notre accomplissement. Regardés de cette manière, nombreux parmi les petits de 1212 ont réussi une grande œuvre. Compagnons d’Étienne, je les appelés Géraud, Emelotte, Agnès, Rahier, Odon, Jeannette, Guillot… Les filles n’étaient pas moins ardentes et volontaires que les garçons. Tous leurs pareils ont foulé les chemins de France, il y a huit siècles, j’en suis certain. Tous ont fait reculer les lignes de leur être.

En ce qui concerne les Indignés d’aujourd’hui, il faudrait qu’ils soient animés d’un idéal analogue qui leur donne un souffle comparable à celui de leurs devanciers de 1212, que leur mouvement atteigne au mythe, comme le disait Paul Alphandéry des croisades d’enfants. Peuvent-ils être des lanceurs d’alerte à leur tour, provoquer une prise de conscience assez puissante pour faire éclore des relais (ce qui ne s’est pas produit en 1212) capables de modifier le fonctionnement de nos sociétés ? On n’en est pas encore là.

Aujourd’hui, après la poussée des mois derniers, ces mouvements sont un peu éteints, je trouve.

Les printemps arabes, autre forme d’indignation, n’ont abouti qu’à troquer une dictature contre une autre. Quant aux manifestants des démocraties occidentales, ils ont été récupérés par les oppositions politiques. En Espagne, leurs voix sont couvertes par les protestations anti crise. Aux USA, Occupy Wall street recommence à donner de la voix, campagne électorale oblige. Classique ! Quant à la France, l’alternance politique les a plongés dans la léthargie. Jusqu’à quand ?... Un déclic qui ramène vers une question essentielle, civilisationnelle, comme je le disais plus haut, qui provoque une nouvelle surgie imprévisible, irrépressible ?... Nous verrons  bien !

 

Sherryn : Pensez-vous qu’il y ait une leçon à tirer de l’échec de la croisade des enfants ? Si oui, quelle serait-elle ?
 

Jacques : Je ne sais pas quoi vous dire. Les leçons ne servent à rien. On ne les écoute jamais. Et je ne crois qu’aux leçons individuelles, déjà bien difficiles à mettre en œuvre.

 

Sherryn : Le final de votre livre est assez dur. Est-ce parce que vous estimez les jeunes lecteurs aptes à lire ou imaginer les scènes évoquées ?
 
Jacques : Je ne me suis jamais posé cette question. Tout au long de mon travail, j’ai été obsédé par la vraisemblance historique de mon récit et psychologique de mes personnages. Être au plus près de la réalité, faire en sorte que cette épopée absolument ahurissante soit crédible, afin que l’on puisse dire : « Oui, les choses ont pu se passer ainsi ! »

Au Moyen Age, « l’espérance de vie, à la naissance, est de 21 ans chez les aristocrates hongrois du XV è siècle et ne dépasse pas 28,7 ans pour la période X è - XV è siècle chez les paysans. » ( sources : Robert Delort : Le Moyen Age, histoire illustrée de la vie quotidienne, page 58). Quand les provinces n’étaient pas sillonnées par les soudards, elles l’étaient par les pillards, qui étaient assez souvent les mêmes gaillards. Mourir jeune et de façon impitoyable était monnaie courante. On côtoyait la mort quotidiennement, contrairement à nous qui ne cessons de la dissimuler. Ce rapport cru à la vie était donc une donnée historique et je ne pouvais pas l’évacuer.

Cela dit, aujourd’hui, même si notre système social atténue considérablement l’exposition des plus faibles aux aléas de l’existence, la violence et la cruauté font un grand retour, au point même de proliférer irrésistiblement. Nous y sommes tous confrontés et notre capacité à accepter la dureté d’une œuvre est fonction de celle à laquelle notre époque nous entraîne.

Je pense donc que des jeunes, ayant la maturité de lire mon livre, sont assez aguerris pour recevoir cette dureté de la fin, où la violence, par parenthèse, est absolument sans commune mesure avec celle à laquelle certains films les exposent.

 

Sherryn : Savez-vous pourquoi votre livre a été publié dans la collection Jeunes Adultes du Livre de Poche Jeunesse, sachant que cette collection réunit en principe plutôt des œuvres, souvent fantastiques, pour jeunes femmes ?
 
Jacques : Sur les raisons du choix, je préfère céder la parole à mon éditrice, Cécile TÉROUANNE, qui vous répondra mieux que moi.

 

Cécile Térouanne : Il est vrai que 1212, LA CROISADE DES INDIGNÉS peut paraître bien éloigné tant dans son contenu que par sa forme des romans avec lesquels nous avons lancé le segment « Jeunes Adultes » au Livre de Poche Jeunesse en 2011. Toutefois, cet écart ne  résiste pas devant le fait que c’est bien au même public que nous nous adressons lorsque nous publions FASCINATION et 1212, LA CROISADE DES INDIGNÉS, Stephenie Meyer et Jacques Cassabois : des lecteurs (et pas que des lectrices, quoique majoritairement !) de plus de 14/15 ans, qui se reconnaissent dans des récits et des émotions qui les bousculent, qui accompagnent leur propre cheminement vers l’âge adulte. Il serait inconvenant de prolonger la comparaison et de positionner en regard l’un de l’autre le couple Géraud/Agnès et Edward/Bella, mais finalement… le simple fait de le formuler montre bien que cela fait sens !, et surtout prouve, si besoin était, que la place de 1212, LA CROISADE DES INDIGNÉS est bien dans la section « Jeunes Adultes » et non « Historique ». Plus concrètement, on peut souligner que ce segment de notre catalogue accueille aussi un texte comme LES LARMES NOIRES de Julius Lester, et que nous avons relancé cet été ANTIGONE L’INSOUMISE de Jacques Cassabois, indûment positionné dans un premier temps en « Classique » et qui n’y trouvait pas son public. La publication de 1212, LA CROISADE DES INDIGNÉS en « Jeunes Adultes » témoigne donc de notre réflexion sans cesse renouvelée sur le meilleur positionnement à donner à nos livres pour qu’ils rencontrent leurs lecteurs… et que les lecteurs aillent à leur rencontre ! Avec la conviction que, de toute façon, un roman de cette intensité et de cette profondeur est en définitive irréductible à toute étiquette.

 

 

Jacques : Jeunes adultes, j’aime beaucoup cette formulation. Elle ne propose aucune indication d’âge (cette habitude est une plaie !) et laisse chaque lecteur décider lui-même s’il a ou non assez de maturité pour se risquer dans ces livres.

Quand Cécile Térouanne m’a informé de son choix, j’ai été ravi, soulagé même. Il y a souvent un décalage entre la tonalité de mon écriture et l’âge supposé de mes lecteurs, et je me sens fréquemment en porte-à-faux. Là, je me voyais vraiment à ma place, dans ma maison, à l’abri des remarques habituelles, du genre : « Pour des enfants, ce livre ? Vous êtes sûr ? C’est difficile, non ! » et je vous épargne les variantes, avec les moues dubitatives...

J’ai toujours traîné ça avec moi, cette espèce d’accusation larvée que je n’écrivais pas vraiment pour les jeunes, que ce n’était pas dans leur registre, comme si mes exigences étaient incompatibles avec leurs attentes. La fameuse attente du public, vous savez. Gaver les gens ce qu’ils réclament…

Mon premier livre a été publié en 1981, aux éditions Léon Faure, un de ces petits éditeurs qui ont enflammé la littérature pour la jeunesse dans la décennie 1975-85. Il s’intitulait L’homme de pierre et figurait dans une collection pour ados, pas du tout thématique, au nom malin : Les enfants peuvent lire aussi.

Je trouve que le libellé Jeunes adultes est un bel écho de cette ancienne collection et qu’entre les deux, à trente ans d’écart, je conserve une certaine cohérence.

 

Sherryn : D'une façon générale, comment avez-vous vécu la rédaction de cet ouvrage, ainsi que sa finalisation ?
 
Jacques : La rédaction, mal. Après deux mois de documentation préliminaire, suite à un voyage de repérage à Cloyes-sur-le-Loir et à Chartres, j’ai subi un assez sérieux problème de santé qui a nécessité deux semaines d’hospitalisation. Ensuite, quand je me suis remis au travail, l’écriture a été un continuel parcours d’obstacles. J’ai cru que je n’y arriverais jamais et j’ai souvent eu la tentation de tout plaquer. Mon livre compte 22 chapitres ; jusqu’au dix-neuvième inclus, j’ai eu envie de renoncer. Je ne savais plus comment faire. J’étais perdu et ma femme a beaucoup bagarré pour me redonner confiance. C’est seulement vers la fin que j’ai été certain de voir le bout du tunnel.

Il y a des gens qui savent d’emblée quel objectif ils veulent atteindre et qui s’organisent pour y parvenir. Je ne fais pas partie, hélas, de cette catégorie. Je ne sais pas où je vais et pour le savoir, il faut que j’y aille. Chemin faisant, je l’apprends.

Je crois avoir accompagné mes pueri, pèlerin moi-même, à ma façon. Leur voie était rude. La mienne l’a été également.

Pour ce qui est de la finalisation, il s’est passé une petite année entre la fin de l’écriture et la publication. Un délai dû aux contraintes du calendrier de ma maison d’édition, à la fabrication, à la création de la couverture surtout, qui a demandé plusieurs tentatives. On a pris le temps qu’il fallait. On voulait qu’elle soit réussie et elle l’est. Chez Hachette, toutes avaient cette volonté : éditrices, directrice artistique, attachées de presse. Personne ne voulait être insatisfait. J’ai été associé à toutes les étapes de la fabrication. Cela m’aidait à patienter. Et de toute façon, j’avais vraiment besoin de cette année pour me remettre du voyage.

Le livre est maintenant achevé et, quand je pense à lui, je me dis que… je ne pourrais jamais écrire un bouquin pareil.

 

Sherryn : Après 1212, avez-vous déjà un nouveau projet sur le feu ? 
 

Jacques: Oui, mais je n’aime pas évoquer ce qui n’est pas achevé. M’atteler à un projet, c’est un peu comme aller combattre les dragons. Le trophée n’est pas gagné d’avance. Alors…

 

SOURCE : Le site personnel de Jacques CASSABOIS

http://www.jacquescassabois.com/index.php?option=com_content&view=article&id=153&Itemid=86

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8 mai 2010 6 08 /05 /mai /2010 09:42

Quatre des textes de Roland CAUSSE : Rouge Braise, Oradour la douleur, les enfants d’Izieu, Ita Rose ont pour cadre la seconde guerre mondiale. Ils abordent les thèmes de la résistance et de la Shoah.

 

Y-a-t-il une écriture particulière lorsque l’on aborde, pour les enfants, ce type de sujet ?

 

 

Non, il n’y a pas d’écriture particulière pour ces sujets. C’est le sujet qui entraîne l’écriture.
Rouge Braise est un roman autobiographique. C’est un livre à la mémoire de mon oncle.
L’écriture sous la forme d’un roman s’est imposée. J’avais raconté l’histoire de Georges à mes enfants et un jour dans une bibliothèque on m’a demandé l’histoire de mon enfance et me voilà partie à raconter …. J’ai vu les enfants tellement attentifs à ce récit que je me suis dit : « Oh! ,ça suffit maintenant tu l’écris ! » et c’est venu facilement. A cette époque, Thérèse et Grand Ma vivaient et n’avaient pas les mêmes souvenirs, je suis allée dans les bibliothèques et j’ai fait une recherche sur la vie quotidienne pendant la guerre dans l’Yonne et à Paris, sur la résistance et sur le maquis de mon oncle. Ces connaissances ont servi pour mes autres livres et aussi pour ma culture personnelle. Il a fallu ensuite lier ces recherches à l’écriture de façon à ce que l’on voit que ce n’était pas une leçon d’histoire. J’avais envie de faire un livre éloge à Georges, résistant de la première heure, un livre aussi d’amour à ce petit coin qui a été ma campagne d’enfance.

 

 

En ce qui concerne Les Enfants d’Izieu, le style a une raison. Un dimanche, un ami me dit : » Demain matin, tu devrais écouter une émission sur France Culture qui t’intéressera ». Le lundi matin, au lieu de travailler, je me permets d’écouter la radio et je tombe sur une émission d’ Antoine Spire sur l’ex maison d’Izieu. Je prends des notes et à un moment donné, Léon Reifman, le garçon à qui on a soufflé : « sauve toi » était dans l’émission et il a dit ce jour-là : « Pour tous ceux d’Izieu,  il n’y a pas de cimetière, pas de tombe, il n’y a pas de mémoire ». Ces paroles ont résonné en moi et j’ai pensé : »Pourquoi n’écrirai-je pas quelques pages ? » et j’ai commencé à raconter cette triste histoire sous la forme d’un poème, plus exactement en prose poétique.
C’est alors l’époque du procès de Klaus Barbie, je rencontre deux journalistes qui font un numéro spécial du Monde et je me documente. A partir de là, se posent dans ma tête tous les lieux : maison d’Izieu cache heureuse, Drancy l’insupportable attente et Auschwitz l’innommable. Après mes recherches, je reprends mon cahier et la forme du poème qui s’est naturellement imposée à moi. Depuis, j’ai rencontré à peu près 8000 enfants et la question se trouve souvent posée : » Pourquoi ne pas avoir écrit un roman ? »Je ne peux pas écrire un roman car j’ai trouvé la forme exacte qui est due à l’émotion que j’ai ressentie, émotion qui m’a fait écrire ce long poème. Quand j’analyse mon style, il me semble ressembler à celui du funambule qui marche sur un fil : il ne doit pas y avoir un mot de trop pour ne pas que le funambule tombe et que vous, lecteurs funambules, vous tombiez. Ce livre a fait l’objet de nombreuses rééditions, il a été donné en spectacles de théâtre par plusieurs compagnies et a également fait l’objet d’un opéra dont j’ai écrit le livret (qui est dans le livre).

 

Oradour la douleur est une commande. J’étais allée en hiver, c’était impressionnant, il y avait des corbeaux qui volaient. J’ai été bouleversée d’autant que je n’y étais jamais venue. J’avais alors écrit des poèmes que j’ai perdus. Un an après mon passage à Oradour, une bibliothécaire amie me téléphone et me dit que la directrice du mémorial voudrait faire un livre plus jeune, plus illustré que le gros livre qui existait alors. Avec Georges Lemoine, l’illustrateur, nous avons passé une semaine à Oradour. Nous avons rencontré des survivants et survivantes et j’ai eu l’impression extraordinaire d’être replongée en 1944, dans une sorte de bulle totalement fermée. Très rapidement la forme m’est venue, celle d’un roman. Devant le drame cependant, j’ai repris la forme du texte poétique car cette forme d’écriture dense s’impose quand l’émotion nous submerge. L’écriture a été tellement dense que j’en suis arrivée à ne pas ponctuer mon texte. Je souhaite montrer par la forme qu’il y a un moment où le souffle manque, c’est comme si on étouffait: donc la ponctuation disparaît. Quand on est face à un événement trop grave du domaine de la souffrance, de l’angoisse, de la mort, on ne peut plus faire de phrases, on est dans l’indicible. Oradour est un livre dont la forme est plus élaborée.

 

Ita- Rose est une autre aventure. Un jour, à Villeurbanne, j’étais venue faire un film avec des élèves de troisième sur mon livre Les Enfants d’Izieu. La documentaliste du collège me dit : » J’ai appris que deux petites filles, qui étaient à Izieu, Mina et Claudine ont un frère et il voudrait bien venir en parler. Est-ce que cela ne vous dérange pas ? »Evidemment, j’ai répondu qu’il pouvait venir. Il vint.et nous raconta l’histoire de sa famille. Bouleversée, je lui ai demandé si je pouvais écrire ce récit et il a accepté. Ma question au départ était celle du point de vue : choisirai-je le point de vue du fils ou de la mère, Alexandre ou Ita- Rose ? Les aventures de la mère se sont imposées. Je raconte sa vie le plus simplement possible avec précision, dans ses grandes lignes pour qu’on comprenne comment la grande Histoire peut briser une famille. Le style m’est venu dans la simplicité pour ne pas faire de « pathos », il y a eu trop de drames pour ces gens. Le destin d’Ita-Rose est incroyable et je n’ai pas du tout pensé aux enfants qui liraient l’album. Cette histoire m’a paru indispensable à écrire car elle cumule la résistance, les camps français, la Shoah, la traque de Klaus Barbie jusqu’en Bolivie et le témoignage contre ce chef de la Gestapo de Lyon qui a tué son époux, déporté son fils aîné et fait assassiner à Auschwitz ses deux petites filles. Pour finir en 1946 elle a appris que sa famille polonaise avait été victime de la Shoah par balles. Et en même temps cette volonté d’Ita- Rose de faire un jour la justice, de témoigner pour ces trois enfants et ce mari qu’on lui a volés.

Le lecteur aurait pitié de la femme qui pleure si c’était écrit et cette pitié lui enlèverait ses propres pleurs. Donc j’ai choisi une écriture minimaliste, une grande économie de mots et de métaphores.

Par ailleurs, la forme de l’album convient à ce texte puisque mon but était de faire un récit court et Gilles Rappaport voulait que j’écrive un texte pour lui. Il l’a illustré de superbe manière.

Avec Georges Lemoine, j’ai réalisé un récit-pièce de théâtre La Guerre de Robert qui conte l’histoire d’un enfant juif dont toute la famille a été déportée en 1942 et qui ne sera caché qu’à partir de février 1944.
 

Comment traite-t-on ces sujets historiques pour les enfants ? du point de vue de l’écriture ?

 

Entre transmission histoire et mémoire. J’ai eu un jour un débat avec Gilles Perraut (l’auteur du Pull over rouge). C’était un débat qui était très préparé sur le thème histoire- document/ histoire- fiction, poésie. Donc moi je défendais la fiction- poésie et on en est arrivé par gentillesse mutuelle à dire il est bien qu’il y ait de la poésie, de la fiction poétique, peut être pas qu’elle soit en premier, peut être faut-elle qu’elle soit en second. Il faut des explications et quand on a donné les bases, la fiction transmet mieux que tout document.
La transmission, c’est à dire : ça se passe à telle époque, il y a eu cela sur telle loi…Ensuite vient le livre, on le lit, après on en reparle et on s’en rappelle longtemps…

Freud le disait, et Lacan après lui au sujet du Ravissement de Lol V.Stein de Marguerite Duras : » l’art, la littérature nous enseigne, elle est avant la psychanalyse ».

On ne fait pas une œuvre d’art pour transmettre, ce qui est premier c’est le désir de l’écrire, l’amour, la tragédie, le besoin intérieur…

 

 

Source http://blogs.lecoleaujourdhui.com/litterature-jeunesse/2009/09/23/a-la-rencontre-de-rolande-causse/

 

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 09:04

Raymond PERRIN, l'auteur de superbes essais sur la littérature jeunesse, nous propose ici, quelques héros et personnages des romans historiques « jeunesse. »

 

 Personnages réels racontés par des témoins fictifs, personnages légendaires ou mythiques, héros anonymes, parfois des enfants, insérés dans un cadre historique plausible, tous sont nombreux à illustrer le roman historique jeunesse, mieux connu depuis les travaux de Michel Peltier et de Bertrand Solet, lui-même auteur de nombreuses fictions historiques.

 

Abd-Al- Rahman, VIIIe s., Le Prince d'Omeyya d'Anthony Fon EISEN (1964)

Aliénor d’Aquitaine, plusieurs fictions dont celle de Brigitte COPPIN, chez « Castor poche » en 1998 : Aliénor d’Aquitaine : une reine à l’aventure

Amaury Lasnier, sculpteur d’Amiens au Moyen Âge de Martine POUCHAIN « Folio junior » (trilogie)

Anne Frank, jeune fille juive victime de la Shoah (Journal traduit en 1950, nombreuses fictions biographiques depuis)

Baptistin Etienne, enfant du peuple au début du XXe siècle de Bertrand SOLET

Bastien, gamin de Paris de Bertrand SOLET (1970)

Ben Hur, libérateur à Rome, de Lewis WALLACE (1880) (films, 1925 et 1959)

Betty Cotton, la jeune africaine victime des négriers de Corinne ALBAUT (Actes Sud junior, 2005)

Bossu (Le), le chevalier Henri de Lagardère de Paul FÉVAL (1857) (films en 1925, 1934, 1944, 1959, 1997…)

Brazza (Savorgnan de), magnifié par le général de Chambrun (v. 1952),

Caïus, le Romain antique de Henry WINTERFELD (L'Affaire Caïus, Caïus et le Gladiateur) (1953, trad. 55, L.P.J. 2001 et 2002)

Les Chevaliers de la Table ronde : Lancelot du Lac, Yvain, Perceval… (12e-14e siècle)

Celtill dont la tribu vit dans un village gaulois de l’Armorique sous domination romaine  par Evelyne BRISOU-PELLEN (4 épisodes en 2006)

Chaân la rebelle, 3500 avant notre ère, de Christine FERET-FLEURY (Flammarion, 2004)

Christophe Colomb, plusieurs fictions dont celles de Jean-Côme NOGUÈS : Le Voyage inspiré (Réédition L.P.J., 2002) et d’Huguette PIROTTE (Le Perroquet d’Américo, Rageot, 1985)

Cinq Mars dans Cinq-Mars d’Alfred de VIGNY, en 1826

Citoyen Jeantet (Le) de Pierre CASTEX (1966) (créé d’abord dans le journal Vaillant")

Claudine de Lyon, fille d’un canut devenue dessinatrice de mode, de Marie-Christine HELGERSON (Castor poche)

Comte de Monte-Cristo (Le), Edmond Dantès, d'Alexandre DUMAS (1844-45)

Cosette, la fille de Fantine, de Victor HUGO (Les Misérables, 1862)

Cyrano de Bergerac d'Edmond ROSTAND (dans le drame en vers de 1897)

D'Artagnan (Les Trois Mousquetaires, 1844) d'Alexandre DUMAS

(sans oublier Aramis, Athos et Porthos).

David, l’adolescent juif : trilogie La Loi du retour, de Claude GUTMAN

David Copperfield de Charles DICKENS (1849-50, traduction en 1851)

Davy (ou David) Crockett (film en 1955) (personnage devenu mythique)

Erik le Rouge et son fils aîné Leif, dans L’Etalon des mers d’Alain SURGET (Castor Poche, 2002)

Evariste, collégien mêlé en 1840 à une conspiration bonapartiste, dans Les Tribulations d’Evariste de Jean-Paul GOURÉVITCH (L.P.J, 1997)

Fabrice, enfant pyrénéen pendant la guerre de 39-45, de Jean CAZALBOU (1981 et 1986) ("Castor poche ")

Le Félin, agent secret médiéval d’Arthur TÉNOR (Jai lu jeunesse et Lito)

François Bûchamor, soldat républicain d’Alfred ASSOLANT (12869)

Gannorix, le jeune Gaulois esclave qui rejoint Spartacus, de Jacqueline MIRANDE « Castor Poche », 2002.

Garin Troussebœuf, enfant puis scribe enquêteur, de Evelyne BRISOU-PELLEN. ("Folio Junior") (1998)

Gavroche de Victor HUGO (dans Les Misérables, 1862)

Gilgamesh, roi d'Ourouk, héros épique de Mésopotamie. (Antiquité)

Hanin, jeune Juif enfui de Valréas pour Paris, dans Les Brumes de Montfaucon d’Anne POUGET (Casterman, 2005)

Hannibal, dans Les Colosses de Carthage de Michel PEYRAMAURE

Helen Keller, sourde, muette, aveugle (de la réalité au mythe) (Lorena L. HICKOK, 1968)

Ivanhoé, guerrier valeureux médiéval, de Walter SCOTT (1819-20)

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3 avril 2010 6 03 /04 /avril /2010 09:03

Jacquou le Croquant, fils de paysans du Périgord, d’Eugène LE ROY

Joseph et Maurice JOFFO (Le Sac de billes de Joseph JOFFO) (1985, en édition jeunesse)

Julien, enfant apprenant qu’il est adopté, embarqué sur un navire négrier parti pour Haïti (Deux graines de cacao, Evelyne BRISOU-PELLEN, L.P.J., 2002)

Louise Michel dans Louise Michel aux barricades du rêve de Claudine HELFT « Echos personnages », Hachette, 1983 et dans Le Temps des cerises Journal de Mathilde de Christine FÉRET--FLEURY (2006).

Madame Thérèse, cantinière des républicains, d’ERCKMANN-CHATRIAN (1863)

Magellan (Magellan l’audacieux, Castano BALLESTEROS, « Castor poche », 2001, Moi, Magellan, Yvon MAUFFRET, Casterman, 1993)

Maître Wen, moine expert en arts maritaux, en Chine au XIIe siècle, de Michel LAPORTE « Castor poche », 2002.

Marion, fille d’un jardinier du château de Versailles, entrée au service de Madame de Montespan, d’Annie PIÉTRI (Les Orangers de Versailles, 2000)

Maroussia, jeune fille d’Ukraine de P.J. STAHL (1878)

Martin, fils de bûcheron et fauconnier du Moyen Âge de Jean-Côme NOGUÈS (Le Faucon déniché) (1972)

Mathias Sandorf, le proscrit hongrois de Jules VERNE. (1876)

Méline et Armance, jeunes filles du XIXe siècle travaillant dans une usine à soie (La Soie au bout des doigts d’Anne-Marie DESPLAT-DUC, L.P.J., 1999) 

Menî, fils du roi d’Egypte Antaref, créé par Alain SURGET, pour une trilogie (fin des années 90) ("Castor poche")

Merlin l'Enchanteur, barde, sorcier sage et combattant (Les Chevaliers de la Table Ronde, à partir du XIIe S.)

Michel Strogoff de Jules VERNE (1876) (film en 1956)

Molière (La Jeunesse de Molière de Pierre LEPÈRE, Gallimard, Molière ou l’éternel baladin de J. Landreau-Valabrègue, L.P.J., 1995, Louison et Monsieur Molière de M.-C. Helgerson, « Castor poche », 2000)

Le Mouron rouge, le chevalier (Baronne ORCZY) ("Nelson" et journal de Mickey, La Saga du Mouron rouge, Omnibus, 2001)

Natty Bumppo, le chasseur (Le Dernier de Mohicans de Fenimore COOPER, 1826)

Naoh, Nam et Gaw de la tribu des Oulharms (La Guerre du feu de J.-H. ROSNY)

Nikios, personnage de l'Antiquité,  de Régine M. REBOUL (1961)

Olivier Twist, de Charles DICKENS (1838, traduction en 1841)

Oncle Tom de Harriet BEECHER-STOWE (La Case de l'Oncle Tom, 1851)

Peau-de-pêche, garçon transplanté de la ville à la campagne, de Gabriel MAURIÈRE

Perceval le Gallois et les Chevaliers de la Table Ronde

Petit-Jacques, esclave fugitif à La Réunion, de Daniel Vaxelaire, « Castor poche », 1999.

Le Petit Lord Fauntleroy (Cédric), de Frances Hodgson BURNETT (1885-86)

Philéas Fogg, globe-trotter de Jules VERNE (1873), Le Tour du monde en 80 jours

Rémi d'Hector MALOT (Sans famille), la mère Barberin et Vitalis. (1878)

René Caillé, le fils de bagnard injustement condamné et découvreur de Tombouctou. (de nombreux auteurs dont Henriette CÉLARIÉ)

Robin des bois dans de multiples récits, depuis le Robin des Bois de Walter SCOTT (19e  s.) jusqu’à celui de Michael MORPURGO (« Folio junior », 1998)

Roland, neveu de Charlemagne dans Roland, le vaillant paladin de Marie BUTTS en 1928

Sigurt le Viking de Louis Thirion et Philippe Godard (série) L.P.J. 2006

Simon, le jeune tailleur de pierre du Moyen Âge (La Citadelle du vertige d’Alain GROUSSET, L.P.J.)

Sissi, impératrice (adapté dans les romans-jeunesse, après les films des années 50) (Hachette)

Surcouf le corsaire dans Surcouf, le roi de la course de Jean OLLIVIER, en 1975

Télémaque, fils du roi d’Ithaque, Ulysse dans Les Aventures de Télémaque, publiées par FÉNELON, en 1699.

Tétiki l’Egyptien, héros de la trilogie d’Odile WEULERSSE (depuis Les Pilleurs de sarcophages jusqu’à Disparition sur le Nil, 2006, L.P.J.)

Thierry La Fronde de Jean-Claude DERET (1963) (récits d’après le feuilleton T.V., avec Jean-Claude Drouot)

Till l'espiègle de Charles de COSTER (1867)

Tirya, fille d’un général égyptien, d’Alain SURGET « Castor poche », 2002.

Ulysse d'HOMÈRE, héros de L'Odyssée (VIIIe siècle av. J.-C.)

Vercingétorix (vu par Bertrand SOLET, « Pocket junior », 2001

Yvain, le chevalier au lion, créé par CHRÉTIEN DE TROYES

Zorro, le cavalier masqué, fils d’un aristocrate californien, de Johnston McCULLEY (1919) (1er film en 1920, série télévisée de Disney)

Yanoël de Salizat, page devenu chevalier au XVIe siècle, D’Anne-Marie POL

Yona, fille de la préhistoire de Florence REYNAUD (6 épisodes en 2006)

 

Pour en savoir plus sur les personnages de séries, lire dans Littérature de jeunesse et presse des jeunes au début du XXIe  siècle, lire pages 386-396 : Romans historiques : Trilogies, cycles et série s

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31 mars 2010 3 31 /03 /mars /2010 09:19

Les marqueurs de temps dans le récit historique :

- Le narrateur signale qu'il raconte ce qui s'est passé auparavant. C'est le cas le plus fréquent.
- La narration est simultanée : le narrateur raconte les événements qui sont en train de se passer sous ses yeux ou qu'il est en train de vivre. Cette technique donne l'illusion que l'histoire est écrite au moment même où se déroule l'action.
- La narration est intercalée : c'est une combinaison des deux premières techniques, le journal intime favorise ce genre de procédés, la narration s'intercalant dans des pauses de l'action.

La notion de durée :

L'information est immédiate dans certains récits (Si je reviens... )
Elle peut être cachée dans le récit (dans Cheval de guerre, c'est la fin de la guerre)
Il faut compter les jours au fur et à mesure que le récit avance (Le lion de Julius) .

Les récits de voyage dans le temps :

Ce procédé est souvent un subterfuge issu de la science-fiction qui permet de décrire une époque avec notre système de valeurs actuel. Les héros projetés dans le passé ou le futur, en provenance de notre époque, peuvent être surpris par les coutumes locales et les valeurs différentes des nôtres (l'esclavage, la place des femmes dans la société, la violence, la justice, le pouvoir et la démocratie...). Cela autorise un décalage et un regard un peu différent sur une époque. Par exemple, les héros de François Appas sont offusqués par l'esclavage de la Rome antique.

Le roman historique et le point de vue :

"Qui parle ?" On peut trouver dans les romans historiques différents types de point de vue :

- Une narration à la troisième personne : le narrateur ne figure pas dans l'histoire, il regarde, observe, décrit ce qu'il a vu ou appris. (L'espionne du roi soleil , Une jument dans la guerre, Le voyage inspiré...)

- Une narration à la première personne : le narrateur assume un rôle dans l'action, c'est un personnage principal ou secondaire. Il ne peut en principe en savoir plus sur l'histoire que ses personnages sauf dans le cas d'un visiteur du temps qui connaît déjà le déroulement de l'Histoire. (Le roi du jazz , Mon ami Louis).

- Des alternances : l'auteur peut alterner des types d'écrits : narration, lettres, journaux intimes, voix off, changement de typographie... (Le secret de grand-père).

 

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27 mars 2010 6 27 /03 /mars /2010 20:53

Les récits historiques sont un mélange de vérité historique et d'invention. Leur succès vient du fait qu'ils proposent un tableau plus vivant qu’un texte d'historiographie classique. Par leurs techniques romanesques, ces textes transportent le lecteur au sein des événements racontés et permettent de "vivre l'histoire" comme si on y était. La véracité historique est présente car en général, les auteurs travaillent avec des documents historiques efficaces.

Anne-Marie Desplat-Duc :


* Pourquoi choisir de placer certain de tes  récits dans l'histoire ?

Je ne choisis pas de placer un récit dans l'histoire. C'est un événement historique fort qui vient à ma rencontre et m'impose d'écrire le roman. Comme un coup de foudre ! Je ne cherche donc jamais quelle époque va "coller" avec mes idées, mes personnages, de même que je ne peux pas écrire un roman historique sur commande.
J'ai écrit « 
Le Trésor de Mazan » (Flammarion) parce que le trésor de l'abbaye cistercienne de Mazan en Ardèche a vraiment été caché pendant les guerres de religion et qu'un ami m'en a parlé. . J'ai écrit « Les Exilés de l'an II » (Hachette) parce qu'une pensionnaire d'une maison de retraite m'a raconté l'histoire de sa famille. J'ai écrit « La soie au bout des doigts » (Hachette) pour faire revivre les moulinages de soie en ruine dans mon Ardèche natale.
J'ai écrit « 
L'Aventure obligatoire » (La Bouquinerie) pour rendre hommage à mon père, ancien STO.

Sur quelle documentation historique fiable t’appuies-tu  ?

La recherche de documentation fait partie du plaisir d'écrire un roman historique. Il n'y a pas de meilleures sources que les archives départementales de Privas pour moi dont tous les romans historiques se situent en Ardèche. Quelle joie lors de la découverte de documents rares ! Quelle émotion de tenir une lettre écrite par Julie de Marquet en 1794, de lire la liste des ouvrières ayant travaillé au moulinage de Champ Lalioure en 1843, de voir le plan de l'abbaye aujourd'hui en ruines ou de découvrir un article sur un journal de 1943, relatant le départ des 20 STO de Privas. Je ne m'en lasse pas. L'écrivain de romans historiques est un brocanteur. Il fouille dans les vieilleries des archives pour dénicher un évènement, un fait divers, une phrase qui enrichira son roman. Dans la mesure du possible, j'interroge les personnes proches des événements historiques que je décris (des mouliniers, des ouvrières d'usine, ceux qui ont vécu la guerre). Je lis beaucoup d'essais historiques sur la période où se situe mon roman. J'aime aussi aller sur les lieux pour essayer de retrouver une atmosphère et marcher sur les pas de mes héros.


http://www.crdp.ac-creteil.fr/telemaque/document/histoire.htm

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25 mars 2010 4 25 /03 /mars /2010 21:03

On trouve plusieurs types de héros dans les romans historiques :

-       Un personnage historique lui-même (un roi de France..).

-       Un héros fictif associé à un personnage qui a réellement existé. Il est souvent plus difficile pour un auteur de prendre un personnage célèbre de l'histoire car sa vie est déjà connue du public. Plus le personnage historique est célèbre et plus il restreint la liberté de l'auteur. L'auteur fait intervenir des personnages fictifs qui racontent l'histoire (Les orangers de Versailles). Garin Troussebeuf est un personnage fictif, totalement inventé par Evelyne Brisou-Pellen. L'idée du scribe est excellente, car grâce à son métier, il va pouvoir rencontrer toute la société.


D'autres écrivains ont choisi de mettre en scène un personnage qui a eu une importance minime dans l'histoire qui les a oubliés (Anne-Marie Desplat-Duc).

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9 mars 2010 2 09 /03 /mars /2010 20:25

 Béatrice BOTTET répond.

Pour ce qui est de l’Histoire...
je travaille avec une énorme documentation pour donner à l’intrigue un cadre cohérent et vraisemblable
, tout en sachant qu’il est impossible de tout gérer, de ne faire aucune erreur historique, de maîtriser le moindre détail. Je fais au mieux…

Je trouve passionnant de dresser le cadre historique dans lequel évoluent mes personnages : comment on vit, comment on s’habille, ce qu’on mange, comment on voyage… Ma documentation est abondante, parfois disparate ou inattendue. Ainsi, j’ai trouvé dans des relevés fiscaux de l’époque des idées de noms et de prénoms pour certains personnages. Pour Le Sortilège du Chat, j’ai travaillé avec un plan du Paris médiéval reconstitué par des chercheurs du CNRS, de façon à utiliser les véritables noms de rues et à rendre plausibles les allées et venues des personnages.

Il y a aussi beaucoup de situations qui, si elles ne sont pas attestées, sont parfaitement vraisemblables sur le plan historique : le mariage forcé de Blanche par ses frères, qui était le lot de nombreuses femmes du Moyen Âge, la fascination du ménestrel Bertoul pour la poésie plus « audacieuse » des troubadours, l’usurpation d’identité (dans Le Chant des loups) à une époque où seuls la parentèle et le sceau l’attestaient…

Photo : http://peuple-feerique.com/2009/03/30/montherme-quelques-portraits-dauteurs-invites-au-printemps-des-legendes/

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24 janvier 2010 7 24 /01 /janvier /2010 14:01



Quel est l'avis de l'écrivain pour la jeunesse Rolande Causse
sur la question de l'histoire et du roman pour la jeunesse.

 


"Si l’instituteur choisit un roman qu’il aime lui, si pour lui c’est un livre essentiel, ce livre va se lier totalement à l’enseignement des connaissances. Les faits pénétreront mieux chez l’enfant parce qu’il aura été touché par ce qu’on lui aura lu. Par la suite les enfants n’auront pas à apprendre dates et faits, ils auront la sensibilité d’un véritable jeune qui a porté l’étoile juive. Je voudrai vous citer une très jolie anecdote, un jour un enfant m’a dit à propos de la forme du livre Les Enfants d’Izieu : « les blancs que vous avez mis c’est pour nous laisser pleurer ». J’ai été totalement stupéfaite par la justesse de cette interprétation poétique.

Je crois qu’on ne peut pas dire que la littérature pour la jeunesse ne soit pas aussi importante que l’enseignement d’une leçon. Dans le cas de la littérature pour la jeunesse, c’est l’identification qui fonctionne."

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17 décembre 2009 4 17 /12 /décembre /2009 11:48

http://www.salondulivreagen.fr/IMG/arton280.jpg

Brigitte Coppin
est née en 1955 en Normandie. Depuis une quinzaine d'années elle écrit pour la jeunesse : surtout des documentaires et des romans historiques.

 

Elle explique qu’elle ne saurait rien faire de mieux qu’écrire de l’histoire et qu’elle est « tombée » dedans dès sa petite enfance. C’est sa potion magique à elle ! L’histoire est sa source d’inspiration, synonyme d’évasion, une source d’intérêt et de passion.

 

Le monde contemporain qui est le nôtre ne la fait pas rêver, peut être par ce qu’elle y vit. C’est la découverte de la vie d’Aliénor d’Aquitaine qui lui a inspiré son premier roman. C’est un immense bonheur pour elle que de faire vivre un personnage de fiction !

 

Courte bibliographie :

Aliénor d'Aquitaine, Une reine à l'aventure

16 contes de loups

17 récits de pirates et corsaires

Le quai des secrets, La route des tempêtes

Léonard de Vinci et 5 génies de la Renaissance

1 récits des châteaux de la Loire.

Le château des Poulfenc



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POURQUOI ce BLOG ?

 Le BLOG consacré
aux AUTEURS,
à la LITTERATURE JEUNESSE
et à L'ECRITURE
.

Enfants 1 199La lecture est une nécessité dans le monde moderne. Elle permet de maîtriser la langue, de développer l’imaginaire, de structurer la pensée, d’accéder au savoir, d'acquérir du vocabulaire... C’est pourquoi parents et enseignants se lamentent lorsque les enfants ne lisent pas et les ados encore moins. Pourtant, ils prendront PLAISIR à lire... pur cela, il suffit de les juindécembre2010 225aider à ouvrir la porte.

 

 

 

 

 

 

  

 

 

  

 

 Avec ce blog, j'aimerais :
 * faire découvrir la littérature jeunesse,l'écriture et les auteurs pour la jeunesse
partager une passion et pourquoi pas donner envie de lire et de rêver entre les pages.  

juindécembre2010 260Le livre est une véritable source de plaisir, de joie et d'émotion. Beaucoup d’élèves disent ne pas aimer lire. Je ne suis pas loin de penser que TOUS aiment lire, sans exception ! Le plus difficile pour eux est de parvenir à trouver dans la masse, LE livre, celui qui ne va pas les endormir… juindécembre2010 227LE LIVRE, celui qui va leur "parler", le livre qui leur correspond, le livre qui va leur remuer les tripes, les boyaux, les neurones, la tête !!!  

Enfants 1 178-copie-1Personne n'aime lire toutes les histoires, tous les livres. Evidemment. Il existe donc des "critères" à appliquer pour trouver et emprunter la perle, le livre qui va faire définitivement plonger dans le plaisir de lire !

Dans le livre on fait de merveilleuses rencontres, on découvre plein d'amis, on voyage, on s'ouvre sur le monde, on vit des aventures que l'on ne connaîtra jamais dans la vie de tous les jours : on embrasse des princesses, on escalade des rochers, on "zigouille" les méchants, on galope sur des chevaux lancés à la poursuite de terribles bandits ... bref, on fait de fabuleux voyages pour... "sourire, rêver et aimer" (Lisez "Le type" de Philippe Barbeau.) !!

Enfants 1 258Dans ce blog, il sera question des hommes et des femmes qui écrivent : les écrivains pour la jeunesse. Les ouvrages de littérature jeunesse de qualité seront présentés, racontés, "décortiqués"...
Vous lirez des interviews de professionnels, vous découvrirez des portraits, le monde de la chaîne du livre (éditeurs, imprimeurs, libraires...), vous trouverez également des conseils, vous ferez des rencontres, participerez à des débats, vous lirez des expériences d'animations pédagogiques autour des livres, vous découvrirez des "paroles" d'élèves, d'enseignants, des textes et.... plein d'autres choses encore !

juindécembre2010 224

 Brigitte Coppin 015
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    "Les gens qui aiment lire sont rarement des salauds !"
Xavier-Laurent PETIT
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  SPECTACLES

   

  "Salomon, vous vous rendez-compte ?"

de Christophe Boutier

 

spectacle radeau 010 

 

Sa majesté des couches"

de Christophe Boutier  

 

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  Une comédie en V actes écrite et mise en scène par Christophe Boutier

L’histoire de la séduction, de l’enfant et de sa famille depuis la préhistoire jusqu’à l’enfant-roi du XXIème siècle.

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Sur scène, il y avait :

- 14 comédiens 

- Six musiciens professionnels dont Michel Léger, accompagnateur de vedettes de la chanson et du cabaret, telles que La Bande à Basile, Daniel Guichard, Zanini, Jean Constantin, André Aubert (Don Patillo)...

- la chorale du collège de Xavier Bélanger (professeur d'éducation musicale qui a mis en musique le spectacle) qui a interprété des chansons de variété en rapport avec l'enfance.

- des projections murales assurées par les élèves de l'option image (Eddy Dabrigeon...) du collège, option dirigée par Cécile Cotten,  professeur d’Arts plastiques.

  19.JPG 20.JPG

 

Les spectacles précédents

 

2013- Le temps du maquis"

2012 - "Salomon, vous vous rendez compte ?"

2011 - "Sa majesté des couches"(Gannat)

2010 - "Hommes-Femmes, nos amis les bêtes"  : 2ème épisode (Gannat)

2010 - "Un zèbre sur la banquise" (Gannat)

2009 - "Hommes-Femmes, nos amis les bêtes " : 1er épisode (Lapalisse)

2008 - "La farce vaudevillesquement tragique de la chambre forte du jugement dernier. " (Lapalisse)

2007 - "Le terrier zeixcoussois en Zinzinmouli ou la complainte des comédiens en danger" (Saint- Prix)

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    Un grand MERCI donc à tous les écrivains jeunesse
 que j'épuise et à qui je donne mal à la tête !!!
Ah ! Ah !!

Enfants 1 224Christian Grenier, Eric Boisset, Alain Grousset, Alain Surget, Béatrice Nicodème, Anne-Marie Desplat-Duc, Susie Morgenstern, Arthur Ténor, Hubert Ben Kemoun, Jean-Côme Noguès, Marc Séassau, Fabrice Colin,  Lorris Murail, Roger Judenne, Philippe Barbeau, Anne Ferrier, Evelyne Brisou-Pellen, Eric Sanvoisin, Christophe Léon, Jean-Luc Luciani, Béatrice Egémar, Magali Herbert, Guy Jimenes, Jean-Claude Mourlevat, Raymond Perrin, Jean-Baptiste Evette, Marc Cantin, Claire Gratias, Christophe Miraucourt, Xavier Bascour, François Librini, René Gouichoux, Yaël Hassan, Jean-Marc Ligny, Marie-Aude Murail, Cécile Roumiguière, Brigitte Coppin, Dorothée Piatek, Sophie Audouin-Mamikonian, Fanny Joly, Johan Héliot, Jack Chaboud, Jean-Luc Marcastel, Stéphane Daniel, Emmanuelle et Benoît de Saint Chamas, Jean-Paul Gourévitch, Michèle Laframboise., Florence Hinckel, Christophe Loupy, Lénia Major, Viviane Koenig, Marie Mélisou..

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... évoque le BLOG sur la littérature jeunesse.

 

"Des conseils pratiques de pro à pro, des interviews délicieuses et des
articles écrits par des écrivains ou des éditeurs, des bibliographies,
des réflexions sur la littérature jeunesse, des coups de coeur et
 des anecdotes...On trouvera tout cela (!) sur le blog de C
hristophe
Boutier, professeur documentaliste  au collège de Gannat (Allier).

Les petits articles de réflexion sur certains aspects de la littérature
jeunesse sont parmi les plus intéressants, d'autant plus qu'ils soulèvent
parfois des points souvent peu vus : les genres relevant de l'imaginaire
et les critères de classification (science fiction, fantasy...), les styles
d'écriture (classique, moderne…), ou encore le souci de la véracité dans
les romans historiques jeunesse.

En plus de cela, on trouvera une liste impressionnante de sites
d'écrivains  et des ressources diverses et variées qui émaillent les
articles (liens vers des  sites de séries jeunesse, des conférences
en ligne...), des « trucs et astuces » de Doc pour aimer et faire
aimer la lecture, des bibliographies...

Si la mise en page gagnerait à être un peu plus claire et lisible, le côté
bric-à-brac (où on flâne volontiers de longs moments) perdrait de son
charme...

Par un prof-doc amoureux et défenseur acharné de la littérature
jeunesse.
"

 

Rubriques

CULTURE au CDI de Gannat

Collège de Gannat (03)

" Fête de la culture, de la lecture et de l'écriture"

  Mai 2013 - 4ème édition

Eric Boisset 

Mai 2013 145

ArthuArthur Ténor 024r Ténor

Alain Surget 

Alain Surget 053

 

Mai 2012 - 3ème édition

 Jean-Luc Marcastel

jean-luc-MARCASTEL-010.jpg

Brigitte Coppin 

      Brigitte-Coppin-013.jpg

 

Mai 2011 - 2ème édition

Philippe Barbeau, Christian Couty

juindécembre2010 236

Béatrice Nicodème

 

juindecembre2010-245.jpg

 

Juin 2010 - la 1ère édition :

 

Alain GROUSSETet Christian GRENIERétaient parmi nous pour évoquer la Science-Fiction (SF) etpour débattre des nouvelles technologiesqui pourraient "tuer » les livres...

 Enfants 1 196

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Le nouveau spectacle du collège

Joseph Hennequin de Gannat, dans l’Allier.

 

 

La troupe de théâtre du collège Hennequin, composée cette année de 30 comédiens issus des quatre niveaux de classes, a réalisé un film (un vrai ! en noir et blanc)écrit par Christophe Boutier, professeur documentaliste, « Le temps du maquis» (vendredi 14 juin 2013, centre socio culturel de Gannat). Xavier Bélanger, professeur d’Education musicale, assurera la mise en musique.

Ce film présente la dure réalité de la vie quotidienne et clandestine, au milieu de la forêt,d’hommes et de femmes – les maquisards - remarquablement courageux qui recoururent, au péril de leur vie, à la guérilla pour s’attaquer à la milice du Maréchal Pétain et aux troupes d’occupation allemande.

Ce spectacle entre dans le cadre du projet « Devoir de mémoire », une option du collège menée en classe de 3ème. Les 16 élèves de cette option dirigée par M. Bellet, professeur d'Histoire, présenteront la soirée :

En 1ère partie, un court métrage : Roger VENUAT, résistant dans le maquis de Hérisson (Allier, 03), au collège Joseph Hennequin.

En 2ème partie, la pièce de théâtre, « Le temps du maquis »

ENTREE GRATUITE

  

QUI SUIS-JE ?

Je suis Christophe BOUTIER, professeur documentaliste au collège de Gannat (1 rue Joseph Hennequin. 03800 GANNAT) , dans l’Allier, en Auvergne.

Passionné par la littérature jeunesse, l'écriture, la lecture... j'ai découvert, grâce à ma profession cette littérature - une vraie littérature ! - qui comporte de magnifiques textes. Et derrière des mots adressés, peut-être davantage aux enfants, aux adolescents - quoi qu'un bon texte doit pouvoir être lu par tous sans aucune histoire d'âge ! - se cachent des écrivains adorables, des personnes d'une incroyable richesse humaine, intellectuelle et culturelle, des gens de talent que j'ai/j'ai eu la chance pour certains de côtoyer !

Aujourd'hui, j'éprouve le besoin de partager mon amour des auteurs jeunesse et de leur oeuvre ! je compte également sur vous lecteurs pour faire vivre ce blog, mutualiser nos expériences, nos connaissances, nos réflexions et... débattre.

 
Mon autre BLOG, celui du CDI du collège de GANNAT :
http://www.cdi.gannat.over-blog.com