Dans le sillage de « Harry Potter », plusieurs séries de romans font l’objet d’un véritable culte parmi les adolescents.
Le phénomène est né avec la série Harry Potter et n’a cessé de prendre de l’ampleur.
On ne compte plus les Salons du livre où se multiplient des scènes d’habitude réservées aux concerts de rock : queues interminables pour obtenir une dédicace-autographe, évanouissements, hurlements hystériques, etc. Déguisés comme leurs héros favoris (sorciers, princesses, chevaliers), dialoguant entre eux ou avec leur auteur chéri via internet, ces adolescents ont donné un grand coup de fouet aux ventes de livres jeunesse en France. Au point que plusieurs auteurs français ont repris avec succès les techniques narratives et commerciales des Rowling et autres.
On peut ironiser sur cette mise en scène de la littérature: reste que ces ouvrages, souvent bien écrits, drôles et sources d’évasion bienvenues, suscitent un intérêt pour la lecture.
HARRY POTTER
Profil : 50 % filles, 50 % garçons.
Produits dérivés : figurines, cartables, vêtements, cahiers,jouets, vidéos, timbres...
Making of : en France, le premier tome est sorti chez Gallimard en 1998 où, grâce au bouche-à-oreille, il a dépassé les 100 000 exemplaires en quelques mois. Du jamais-vu à l’époque pour un livre jeunesse. Les six premiers volets ont été vendus à près de 21 millions d’exemplaires. Le premier tirage du septième tome était de 2,3 millions : deux jours après sa mise en place en librairie, 1,5 million d’exemplaires avaient déjà été vendus.
Organisation : Univers Harry Potter, créée en 2001, est la plus ancienne communauté francophone de fans du sorcier. Elle regroupe près de 4 000 membres, soit beaucoup plus que les Pottermaniacs, association il est vrai plus récente. Ils ne se rencontrent tous ensemble qu’à l’occasion de la sortie d’un livre ou d’un film avec, à la clé, soirées, voyages ou sittings où chacun vient déguisé (fournisseur officiel : Cinéréplika).
Sites internet : www.gazette-du-sorcier.com
www.pottermaniac.net.
www.universharrypotter.com
www.poudlard.org
LE JOURNAL D’UNE PRINCESSE
Profil : 100 % de filles.
Produits dérivés : vêtements, mugs, casquettes, tapis de souris, badges, sacs.
Les livres : lycéenne à New York, Mia est également l’héritière du royaume de Genovia. Entre son éducation princière, ses amours, ses parents et ses copines, elle est complètement débordée. Pour se soulager, elle confie avec humour et désinvolture ses malheurs ordinaires de fille extraordinaire à son journal intime. Huit tomes ont paru (Hachette Jeunesse), le neuvième paraîtra en décembre aux Etats-Unis.
L’auteur : New-Yorkaise de 38 ans, fille d’un professeur d’université et d’une illustratrice, Meg Cabot clame haut et fort qu’il faut croire au grand amour.
Making of : couverture colorée, une jeune héroïne belle, drôle, vivant dans une grande ville, la série a démarré très fort dès le premier tome en 2001. Sans publicité ni campagne commerciale, elle s’est vendue à plus de 700 000 exemplaires grâce aux bavardages dans les couloirs des collèges et aux conversations sur MSN.
Site internet : www.megcabot.com (site américain).
Blog de fan : http://megcabot.unblog.fr
LES CHEVALIERS D’ÉMERAUDE
Profil : 60 % de garçons.
Slogan : « Que les dieux te prêtent longue vie. »
Produits dérivés : figurines, jeux, bijoux, casquettes, tee-shirts. CD de musique médiévale.
Les livres : dans la lignée des grandes fresques d’Héroïc fantasy, cette saga se déroule dans un monde celto-moyenâgeux appelé Enkidiev. Un continent où se côtoient hommes, elfes, dragons et fées jusqu’à l’invasion des armées du sorcier Amecareth. Seule la renaissance de l’ordre des Chevaliers d’Emeraude peut sauver le royaume. Six hommes et une femme aux pouvoirs magiques sont désignés pour protéger le continent jusqu’à l’accomplissement d’une prophétie : l’Enfant de Lumière détruira à jamais la menace que fait peser l’Empereur Noir sur le monde libre.
L’auteur : Québécoise, Anne Robillard ne se déplace qu’en compagnie de ses chevaliers (sept figurants déguisés). La légende veut qu’elle ait visité en rêve le royaume d’Enkidiev et que le destin de ses personnages lui ait été révélé au cours de cette même nuit.
Making of : la France s’est emballée pour la série dès le premier tome, paru en mars 2007. Il a bénéficié d’une campagne commerciale de blockbuster. Tous les forums, sites et blogs pour ados sur internet ont été visités – « infiltrés » – pour parler de la saga. Chaque nouvelle publication est précédée d’un jeu récompensé par des cadeaux : une console PS3, des lecteurs MP3, des webcams et des livres.
Organisation : pour faire partie de cette confrérie, il faut être « honnête et courageux, posséder des aptitudes à communiquer avec le monde invisible » et signer le serment d’Emeraude, où l’on s’engage à respecter les 30 règles du code d’Emeraude. Au Québec, banquets, bals et conférences réunissent les fans, qui viennent déguisés. Les photos-souvenirs sont ensuite publiées sur le site internet où l’on trouve également une galerie de portraits de « bébés célèbres » : les enfants dont le prénom est inspiré par la saga. En janvier 2008, a été créé l’ordre de Chevalerie français.
Site internet : www.chevaliersdemeraude.com
Jeu de rôle : http://jdremeraude.forumactif.fr
TARA DUNCAN
Profil : des filles à 70 %, âgées de 9 à 25 ans.
Les livres : élevée par sa grand-mère après la mystérieuse disparition de ses parents, Tara Duncan découvre à 12 ans qu’elle est une « sortcelière » de sang impérial dotée de pouvoirs puissants. A la recherche de ses origines, elle est catapultée sur Autremonde, une planète parallèle vouée à la magie et au surnaturel. Aidée d’un labrador – qui n’est autre que son arrière-grand-père ensorcelé –, de la fille de la Belle et la Bête, d’un voleur, d’un demi-elfe, d’un dragon au nom imprononçable, d’une naine rousse et d’un Pégase, elle doit déjouer les plans machiavéliques du mauvais sortcelier Magister. Cinq tomes sur dix prévus ont déjà paru (Flammarion et Pocket jeunesse).
L’auteur : Sophie Audouin-Mamikonian a 44 ans. Titulaire d’un DESS de diplomatie et stratégie, elle affiche un arbre généalogique digne de son héroïne : arrière-petite-nièce de Tristan Bernard, nièce de Francis Veber, arrière-petite-fille du scénariste de Fanfan la Tulipe, elle est aussi une authentique princesse du royaume disparu d’Arménie.
Making of : lorsque Sophie Audouin-Mamikonian a demandé, en 2003, à son éditeur d’ajouter l’adresse de son site internet sur la couverture des Sortceliers, celui-ci l’a regardée « comme une extraterrestre ». Répondant à chaque message, elle instaure alors un lien direct avec ses lecteurs. Dans les cours d’école, sur les forums, le bruit court qu’un auteur répond aux e-mails. Les deux premiers tomes se vendent à 35 000 exemplaires et le troisième à 40 000. A partir du Sceptre maudit (2005), elle multiplie les rencontres dans les Salons du livre avec son public, qu’elle prend soin d’avertir personnellement via internet (sa base de données compte 40 000 adresses). En 2007, c’est l’apothéose avec la location de la Scala pour la sortie du Continent interdit (tirage : 65 000 exemplaires) où concours de déguisements, discours, poèmes, chansons et vidéos font patienter les 2 000 fans venus de la France entière et même du Canada.
Organisation : « SAM » connaît le prénom de ses fans les plus actifs. Grâce à des concours de dessins, de déguisements, de nouvelles, tous les lecteurs sont sollicités et récompensés. Les gagnants voient leurs oeuvres publiées à la fin de ses livres ou sur son site internet. Le teaser du dernier tome de la série a été entièrement réalisé grâce à la musique, aux poèmes et aux dessins des fans.
Fan club officiel : www.generation-taraddicts.com
Site internet : www.taraduncan.com.
CHERUB
Profil : 50 % filles, 50 % garçons, âgés de 9 à 15 ans.
Produits dérivés : tee-shirts, stickers.
Les livres : créée en 1946, Cherub est une organisation anglaise qui rassemble des jeunes de 6 à 17 ans recrutés dans des orphelinats. Sans existence officielle, ils sont des agents secrets au service de Sa Majesté et remplissent des missions que seuls des enfants peuvent mener à bien. Ainsi James Adams, 12 ans, né de père inconnu, se fait-il repérer puis enrôler après la mort de sa mère.
L’auteur : Robert Muchamore, teen-ager londonien de 35 ans, a quitté son métier de détective privé pour se consacrer à l’écriture de Cherub. Il se rend dans les écoles une fois par semaine pour donner des conférences, aime rencontrer son public dans les Salons du livre et converse tous les jours avec ses fans sur son forum : « Les enfants font des critiques très sévères mais très intéressantes », dit-il.
Making of : lors de sa publication en 2004 en Grande-Bretagne, la série a reçu six prix littéraires et a rapidement intégré les listes des meilleures ventes de livres outre- Manche. En France, fait peu banal, c’est en constatant la chaleur de l’accueil du public lors de la parution du premier tome (janvier 2007) que l’éditeur s’est lancé dans une campagne publicitaire. Depuis, il en sort un nouvel épisode tous les trois mois et les chiffres de vente montent en flèche.
Organisation : en France, le fan-club en est à ses balbutiements (une centaine d’adhérents). Pour devenir membre du club Cherub, il faut réussir un examen d’entrée chronométré que l’on trouve sur le site internet. Puis, le fan reçoit des informations confidentielles sur la série comme des extraits de livres en avant-première, des invitations à des concours et, surtout, la possibilité de prendre du galon en tant qu’agent secret.
Site internet : www.cherubcampus.fr
Source : site web du Figaro, article de Marie Rogatien, 19/11/2007