Bonjour Céline ! Peux-tu te présenter pour ceux qui ne te connaissent pas encore ?
L’auteur aujourd’hui
• Comment es-tu devenue écrivain, aujourd'hui publiée ?
C'est une très belle aventure qui a commencé il y a maintenant un peu plus d'un an lorsque j'ai reçu un e-mail de Françoise Hessel, directrice éditoriale aux éditions Oskar, qui me disait qu'elle avait beaucoup aimé mon roman et qu'elle souhaitait le publier en 2014. Inutile de dire qu'il m'a fallu me frotter les yeux, me pincer, même, pour être certaine de ne pas rêver...
* Et pour la jeunesse ?
Ca, c'est sûrement la documentaliste qui rejaillit ! Eh oui, la littérature jeunesse fait partie de mon quotidien au collège. Sans dire que je suis tombée dedans quand j'étais petite (même s'il est vrai que j'ai toujours eu un livre à la main, même plusieurs !), disons que je la côtoie assez pour savoir à quel point elle peut, elle aussi, se révéler passionnante et enrichissante car oui, même en littérature jeunesse, on trouve de vraies petites pépites !
Par ailleurs, je crois qu'il me serait difficile d'écrire pour les adultes et uniquement pour eux : l'avantage de la littérature jeunesse est d'être, à mon avis, ouverte à tout public, de 1an à... tiens d'ailleurs, jusqu'à quel âge ? 100 ? 110 ? 120 ?... C'est une richesse incroyable et un plaisir de savoir que son petit livre va être lu par des petits, certes, mais aussi par des grands et que ceux-ci le feront lire à d'autres petits... et même à d'autres grands !
* Tu viens donc de publier ton 1er roman chez Oskar. Comment est né ce roman ?
Oh, ça, c'est une assez longue histoire (gloups, désolée, j'ai toujours eu du mal à faire court...) Au départ, j'avais été contactée par une maison d'édition régionale : il me fallait donc être extrêmement précise quant aux détails que j'étais amenée à fournir sur les principaux lieux de l'intrigue. Et comme je souhaitais que cette première enquête se déroule dans une abbaye où les moines sont encore bien présents, j'ai donc contacté le père abbé et le frère hôtelier de ladite abbaye pour solliciter un entretien : j'ai échangé avec eux durant plusieurs heures, l'occasion aussi de visiter l'église et même d'obtenir d'eux le plan que l'on découvre dans le prologue. Bon, il s'avère que le projet avec cette maison d'édition ne s'est finalement pas fait pour des raisons diverses et variées. C'est donc là que j'ai décidé, encouragée par ma famille et mes amis, de tenter ma chance au niveau national : j'ai d'abord « gommé » tout ancrage local dans mon récit pour en faire quelque chose de plus ouvert, j'ai ensuite corrigé et supprimé quelques parties propres à ma région (la Normandie, plus précisément, le département de la Manche) et puis... j'ai envoyé mon manuscrit, sans trop y croire au départ, mais en croisant tout de même fortement les doigts !
* La peur a-t-elle existée ? L'angoisse du débutant ?
Ce serait évidemment mentir que de dire que je n'ai jamais ressenti la moindre petite peur, la moindre petite angoisse... Au contraire ! Encore aujourd'hui, alors que l'aventure se poursuit plutôt de manière positive, je ne cesse de me poser x questions sur le quand, le comment, le « est-ce que la suite va leur plaire au moins autant », le « est-ce que je vais trouver une idée originale, les mots justes... », j'en passe et des meilleures... Cela dit, ça n'est pas très étonnant : d'abord, parce que je suis quelqu'un d'hyper stressé par nature (et pourtant, promis, je me soigne !) et rien à faire, je ne peux pas ne pas me poser cent mille questions ! Et puis aussi parce que c'est quand même une toute nouvelle expérience pour moi et il faut apprendre à gérer ces nouvelles émotions. Sans oublier la peur de décevoir ceux qui ont cru en moi (à commencer par Françoise Hessel), celles et ceux, petits et grands, qui vont me lire et puis l'inévitable envie ? besoin ? nécessité ? de progresser car ne l'oublions pas, je suis une toute « jeune » auteure.. disons plutôt récente, ça évitera les ambiguïtés, et j'ai donc encore tant à apprendre !
* Il n'y a pas d'école en France pour apprendre à écrire un roman, comment as-tu procédé ? As-tu lu d'éventuelles méthodes(si celles-ci existent) d'écriture ?
Non, je n'ai rien lu de ce genre, je me suis simplement mise un jour devant mon clavier et puis... j'ai commencé à noircir l'écran, sans méthode particulière, mais avec beaucoup, beaucoup de passion !
* Comment as-tu travaillé pour écrire ce roman ? Quelle fut ta méthode de travail ?
Comme je l'ai dit, j'ai d'abord bien étudié les lieux où je campe mon intrigue, cela me paraissait essentiel pour les restituer le plus fidèlement possible aux yeux des lecteurs. Pour le reste, je me suis aussi pas mal documentée sur la police scientifique via internet car même si je n'entre pas dans des détails trop précis, j'avoue que j'ai dû un peu potassé les questions d'empreintes digitales et d'ADN ! Ceci dit, c'est passionnant car j'ai appris quantité de choses ! Idem, d'ailleurs, pour les tomes suivants qui m'ont amenée à me renseigner sur les numéros de commission paritaire des journaux ou encore l'expertise des oeuvres d'art ! Sans oublier de longues recherches sur la vie dans l'Egypte antique au temps de Ramsès II mais là, chuuutttt, c'est une autre série, avec d’autres héros et donc une autre histoire !
L’écriture :
• Pourquoi écris-tu ? Est-ce quelque chose de facile à expliquer ?
En fait, ce n'est ni facile, ni difficile, c'est plutôt quelque chose de l'ordre du ressenti... Pour moi, en tout cas, c'est une vraie passion, peut-être même un vrai besoin, en tout cas assurément une grande source de plaisir... et d'angoisse aussi !!!
• Arthur Ténor parle de lui comme étant un « explorateur de l’imaginaire. » As-tu une formule pour te caractériser ?
Ouh là, ça c'est difficile... Eh oui, comme je l'ai dit, j'ai encore tout à apprendre... Alors, disons que je suis une « passeuse de mots, une gribouilleuse ou une raconteuse d'histoires ». Et si j'arrive vraiment à être ça, j'en serais ravie !!!
• L’écriture a-t-elle toujours été en toi ou est-ce quelque chose qui est arrivé tardivement dans ta vie ? Il y a t-il eu un élément déclencheur ?
Disons que j'ai toujours aimé gribouillé du papier : eh oui, à l'époque, les ordinateurs n'existaient pas (remarque qui me fait toujours passer pour une extra-terrestre aux yeux de mes élèves) ! Oh, pas de grandes histoires, non, tout juste des « historiettes », souvent des petites intrigues, d'ailleurs, mais oui, j'ai toujours aimé titiller mes « petites cellules grises » !
Ensuite, bien sûr, le temps des études est arrivé et là, ce sont d'autres mots que j'ai posés sur le papier à travers des études de cas, des dissertations, des mémoires... Des mots plus sérieux, plus alambiqués parfois, mais toujours, là aussi, avec beaucoup de passion et de plaisir. Et puis, il y a eu enfin le temps du CAPES de documentation et celui de ce métier que j'exerce aujourd'hui, un temps où j'ai beaucoup, beaucoup lu (de la littérature jeunesse surtout, eh oui !) et, du coup, moins écrit... C'est d'ailleurs de là que le déclic a eu lieu : une envie, un besoin même, de reprendre la plume (enfin... le clavier) mais cette fois-ci, non pas pour des textes documentaires (ce temps là me semblait loin désormais...) mais pour de la fiction ; l'envie d'explorer les recoins de mon imaginaire, peut-être même de me surprendre ; en tout cas, assurément, l'envie de relever un défi qui me paraissait excitant et tellement périlleux à la fois car enfin, quand même, une question me taraudait sans cesse : en es-tu vraiment capable ? Toujours est-il que j'y ai pris un plaisir fou, que j'y ai ressenti des émotions vraiment fortes et nouvelles que j'ai eu envie, bien sûr, de poursuivre l'aventure !
• Pour qui écris-tu ? A moins que ce ne soit pour un public ? Pour être lu ?
Franchement, j'écris d'abord pour moi, pour ce plaisir pleinement égoïste que je suis seule à partager avec mes petits héros. J'adore en effet ces longs moments où ils n'appartiennent qu'à moi, où je les imagine dans de futures situations, où finalement mon texte est encore « mon » bébé. Et d'ailleurs, au départ, je n'avais pas forcément envisagé la publication...
Pour autant, je ne cacherai pas que je prends aussi plaisir à être lue (et d'ailleurs, si ça n'était pas le cas, jamais je n'aurais envoyé mon texte, il serait resté bien au chaud dans mon tiroir...) : c'est toujours excitant (et stressant !) de voir son livre poursuivre son aventure dans les mains d'autres lecteurs, connus ou pas, car ce sont eux aussi qui le font vivre en dehors de nous ! Et quel plaisir d'échanger avec ces lecteurs car leur regard, leur ressenti nous apporte forcément beaucoup !
• Cette fameuse imagination, d’où vient-elle ? De quoi t’inspires-tu ?
Ca c'est une question que l'on pose souvent et à laquelle il n'est pas si aisé de répondre... Disons, pour faire simple et court (si, si, de temps en temps, je peux faire court !), que les idées originelles proviennent de mes lectures, de faits divers, de films, de bribes de conversations, d'expériences vécues, d'élucubrations et autres moments de folie, que sais-je encore ? Tout cela se glisse plus ou moins subrepticement dans un coin de mon crâne et puis... le temps fait son oeuvre : ça mijote, ça mijote, et ça mijote encore dans la tête jusqu'au moment magique où voilà, les personnages apparaissent peu à peu, l'intrigue, elle aussi, prend place avec ses avancées, ses rebondissements... Et justement, pour moi, c'est ça l'imagination, quelque chose qui se construit à partir de tous ces éléments ou bribes d'éléments qui, par une sorte d'alchimie dont je ne maîtrise absolument pas le procédé, vont accoucher d'un scénario, d'une histoire, de personnages, d'intrigues...
• Comment procèdes-tu pour écrire ? Un plan ? des carnets ?
Un plan ? Oui ! Des carnets ? Oui, enfin, des fiches plutôt. J'ai en effet besoin de poser d'abord une sorte de trame générale de l'intrigue, il se peut même que celle-ci soit assez détaillée avec le découpage des chapitres et, pour chacun d'entre eux, une sorte de résumé de l'action. Il est surtout important pour moi de savoir d'où je pars mais surtout où je vais même si, évidemment, entre les deux, il arrive parfois que la ligne ne soit pas droite, loin de là ! Mais c'est justement ça qui est grisant... et angoissant en même temps ! A cela s'ajoute évidemment pas mal de notes recueillies ça et là concernant un sujet précis (j'ai collecté beaucoup de documents, par exemple, sur l'Egypte antique et ma table est couverte de livres documentaires sur le sujet !)
• A quel moment de la journée écris-tu ? Avec quoi ? Une heure précise ?
Contrairement à beaucoup d'auteurs, je suis incapable d'écrire la nuit... Bon, très sincèrement, je n'ai jamais essayé, mais je crains que mon esprit soit quelque peu embrouillé à ces heures tardives... Alors moi, j'écris uniquement dans la journée, notamment les week-end et les mercredis, mes jours de repos, sans oublier les vacances. Difficile aussi d'écrire le soir en rentrant du travail, d'abord parce que j'ai souvent des choses à préparer pour le collège et puis parce que je crois, tout simplement, que mon esprit n'est pas assez disponible pour ça (d'autant que j'ai besoin de longues plages horaires pour écrire).
• Qui te lis en 1er ? Un proche ? Pourquoi ?
Ma mère !!! Elle est ma fidèle première lectrice et joue son rôle en toute objectivité, si, si ! Ensuite, mes premiers jets vont dans les mains de deux collègues et amies qui, elles aussi, prennent leur fonction de « lectrices-cobayes » très au sérieux ! C'est très important pour moi d'avoir déjà ces premiers avis, cela me permet de voir rapidement si je me suis fourvoyée ou pas, si l'alchimie dont je parlais tout à l'heure fonctionne ou non et puis, surtout, cela m'encourage, me donne l'envie de poursuivre l'aventure !
• Qu’aimerais-tu écrire ? Un sujet qui te taraude ?
Pour le moment, mon premier souhait est de mener à bout les projets que je me suis fixés, à savoir, une première série dont « Le trésor de l'abbaye » est le premier tome puis une autre série dont j'ai écrit les six premiers chapitres du premier tome, ça serait déjà très, très bien !
• Ecrire à 4 mains cela te tente-t-il ?
Cela doit être évidemment une expérience très enrichissante mais pour les mêmes raisons que précédemment, je m’occupe pour le moment de mes projets en cours. Mais plus tard, qui sait, pourquoi pas ?
• Est-il facile de vivre de sa plume ? Exerces-tu un autre métier ?
Je n'en suis évidemment pas à ce stade-là car je n'ai, à ce jour, publié qu'un seul roman, mais disons que je ne suis pas totalement inculte sur le sujet : je sais à quel point il est difficile d'en vivre (et visiblement, les choses ne vont pas en s'arrangeant...) Vivre exclusivement de sa plume semble être devenu un vrai luxe aujourd'hui, ce qui explique que je suis aussi admirative envers ces « grands » auteurs !
Mais cette question ne se pose pas pour moi, du moins pour le moment, car je suis avant tout documentaliste dans un petit collège et heureuse de l'être ! Je trouve d'ailleurs que c'est une sacrée chance, une sacrée richesse, de pouvoir porter deux casquettes à la fois même si je reconnais que j'aimerais avoir un peu plus de temps libre pour écrire...
• Qualités et défauts de la Femme ? qui rejaillissent sur l’écrivain ?
-
L'entêtement : les quelques gênes bretons qui se baladent en moi font que je suis quelqu'un d'assez têtu (mais bon, que les Bretons se rassurent, ce trait de caractère se rencontre aussi ailleurs !) : par conséquent, j'ai du mal à lâcher mes idées, je fais tout pour aller au bout de mes intentions et, concernant l'écriture, au bout de l'intrigue prévue même si, évidemment, je vais parfois être obligée de la remodeler légèrement.
-
La quête de la perfection : je suis aussi quelqu'un de perfectionniste (peut-être parfois trop d'ailleurs...), je vais donc m'efforcer là aussi de chercher et de donner le meilleur, à la fois dans mon travail et, naturellement, dans l'écriture (mais est-ce que j'y arrive vraiment, ça...)
-
L'incertitude : on l'aura compris, je suis aussi quelqu'un qui doute énormément de soi, d'où le stress engendré et les cent mille questions qui vont avec !
-
La volubilité : à tout cela s'ajoute le fait que je suis assez bavarde : on comprendra pourquoi certaines de mes phrases peuvent être parfois à rallonge (mais promis, ça aussi j'y travaille !)
-
La curiosité (intellectuelle, cela va sans dire) : je suis en effet toujours avide d'apprendre, de découvrir des choses et des univers qui me sont inconnus. En cela l'écriture est une vraie richesse car elle est une interrogation perpétuelle sur la recherche du bon mot, de la bonne expression, sans oublier les recherches préliminaires sur les divers sujets traités !
-
La passion : que ce soit pour mon métier ou dans ma vie personnelle, je suis quelqu'un qui fait les choses avec passion et forcément, c'est la même chose pour l'écriture, cela génère chez moi des émotions très fortes, y compris, même, lorsque cela ne fonctionne pas comme je le souhaiterais !
Les personnes qui me connaissent pourraient, sans doute, ajouter quelques termes à la liste mais je trouve que là, c'est déjà pas si mal !
Ton genre préféré :
Qu'est-ce qui amené à écrire le genre d'histoires qui sont les tiennes ?
Comme je l'ai écrit précédemment, j'ai toujours eu un livre à la main et il s'avère que très tôt, j'ai aimé lire des histoires construites sous forme d'enquêtes, d'énigmes à résoudre : mes lectures préférées de petite fille étaient « Le Club des Cinq », « Fantômette », « Le Clan des Sept »... Plus tard, bien plus tard, j'ai continué dans cette mouvance et ma bibliothèque personnelle aujourd'hui est à 80% composée de polars et de thrillers (romans et bandes-dessinées confondus). J'ajouterai que ce genre particulier est aussi celui qui retient mon attention lorsqu'il s'agit d'aller voir un film au cinéma (eh oui, on ne se refait pas !)
Alors bien sûr, cela rejaillit sur l'écriture : rien d'étonnant à ce que mon premier roman soit une petite intrigue policière doublée d'une chasse au trésor et d'énigmes à décoder ! La suite est du même acabit, d'ailleurs, avec, évidemment, un clin d'oeil à Hercule Poirot ou encore Sherlock Holmes, des personnages qui ont peuplé mon adolescence et qui sont devenus « mes » héros ! Et comme si cela ne suffisait pas, l'autre série comporte elle aussi une enquête à mener même si, cette fois-ci, elle se déroule en Egypte antique.
En réalité, je crois que je suis incapable d'écrire une histoire sans qu'il y ait forcément une intrigue, des codes et autres messages secrets, une enquête... C'est peut-être dommage mais en même temps, c'est dans ce genre que je m'épanouis, alors...
Tes personnages :
• Comment crées-tu tes personnages ?
Pour commencer, j'aime que mes personnages aient un caractère bien défini qui leur soit propre. D'autre part, je joue assez sur leur complémentarité (« l'intellectuelle » et le « manuel », le « nonchalant » et la « cartésienne »...), les compétences de chacun étant au final mises au service de la résolution de l'intrigue.
Pour le reste, disons que j'aime bien aussi y mettre un peu de moi-même (ce que mes « lectrices-cobayes et autres lecteurs ont d'ailleurs aisément repéré), que ce soit dans les traits de caractère ou dans mes passions, mes goûts, mes envies... Mais attention, mes personnages ont toutefois leur propre existence, ils ne sont pas « moi » à proprement parler (heureusement, d'ailleurs !), ni même une copie conforme, ce sont juste quelques petites touches posées ici ou là !
• Est-ce que ce sont tes personnages qui te mènent ? Par exemple, peuvent-ils te faire changer de voie en cours d’écriture ?
Ouh, là, là, OUI !!!! Et c'est d'ailleurs ça qui est vraiment magique dans l'écriture, c'est de voir à quel point l'on se retrouve embarqué(e) dans des chemins que l'on n'avait pas forcément anticipés ! C'est une émotion très forte et très grisante : les mots défilent sur le clavier et l'on s'aperçoit en relisant l'ensemble que l'on a bougrement dévié de la route et de la trame initialement prévues ! Et dans ce cas, difficile de ne pas croire que ce sont eux, justement, qui nous ont joué ce drôle de tour ! C'est une sensation très forte, l'essentiel étant toutefois de parvenir au but que l'on s'était fixé : ces digressions ne sont pas toujours de mon fait mais je parviens quand même toujours à ramener mes petits héros là où je veux !
• Qu’aimes-tu le plus dans la création du personnage ? L’aspect psychologique ?
Oui, évidemment, l'aspect psychologique compte beaucoup car, comme je l'ai écrit précédemment, j'aime que mes personnages aient une personnalité bien campée. Pour autant, l'aspect physique aussi est très important pour moi : lorsque je lis un livre, j'aime pouvoir me construire une image mentale des personnages, cela m'aide à mieux entrer encore dans l'histoire, cela m'aide, surtout, à me les rendre plus attachants, plus proches. Du coup, je m'efforce de susciter cette sorte de complicité avec les lecteurs en décrivant aussi précisément que possible mes personnages mais attention : j'en dis juste assez mais pas trop non plus pour que l'imagination de chacun puisse aussi se libérer. En fait, tout est une question de bon dosage : suffisamment... mais pas trop non plus et ça, ça n'est pas si facile !
• Quel est le personnage que tu as crée et qui t’a posé le plus de souci Pourquoi ?
Difficile de répondre à cette question car franchement, je n'ai pas réellement ressenti de souci particulier : les personnages s'imposent finalement assez vite à moi. Peut-être, éventuellement, le comte russe dans la deuxième série que j'ai commencé à écrire, je voudrais qu'il soit encore plus cruel, plus mystérieux, plus intrigant, plus terrifiant...
• Quel personnage de papier que tu as inventé aimes-tu le plus ?
J'aime beaucoup le personnage de Zoé, son intelligence, sa perspicacité, sa maturité d'esprit mais en même temps, elle est peut-être un peu trop sérieuse. J'aime bien aussi celui de Matthéo, son camarade : lui se moque bien de l'école, des livres... mais il est profondément sincère et fidèle dans ses sentiments, sans oublier qu'il a des traits de génie (certes, involontaires) indispensables à la résolution de l'enquête. Armande Chabons, l'enseignante d'histoire-géographie, me plaît bien aussi avec son côté un brin rabat-joie et austère mais tout cela n'est qu'une façade, bien sûr ! Dans l'autre série, j'aime surtout les deux animaux, le mainate qui s'exprime en alexandrins et la moufette, joviale, bavarde et gourmande ! Et puis peut-être aussi les deux enfants pour leurs caractères là aussi opposés mais complémentaires, sans oublier l'infâme comte russe et la rassurante Artémise... Bref, je crois, en réalité, que je les aime tous !
Les lieux :
• Comment t’inspires-tu pour créer un lieu ? Une atmosphère ?
Comme je l'ai écrit précédemment, pour mon premier roman, je me suis largement inspirée d'une abbaye proche de chez moi. Dans le troisième tome, le château est là aussi directement inspiré d'un monument de ma région que j'ai visité il y a quelques années de cela. Pour le reste, j'imagine entièrement ou bien je prends des bouts ici et là et je reconstruis le tout. Evidemment, pour la deuxième série, les lieux ne sont pas du tout laissés au hasard : j'ai par exemple fait moult recherches sur la ville de Memphis au temps de Ramsès II, sur le temple de Ptah, les maisons d'artisans et de la noblesse... Pas question en effet de raconter n'importe quoi, on se doit d'être le plus fidèle possible !
• Te rends-tu sur place ? Visites-tu beaucoup ?
Pour l'abbaye et le château, oui, je les ai visités, cela faisait partie intégrante de ma démarche d'écriture. Concernant le deuxième tome dont l'intrigue se déroule dans un cirque, j'ai tout simplement fait appel à mes souvenirs de petite fille ! Quant à l'Egypte... Ah ça c'est sûr que j'aimerais bien y aller même si les monuments que je décris ont en grande partie disparu ! Cela dit, ce serait quand même une belle conclusion à ce voyage au pays des mots !
Le style, la phrase, le mot…
• Quelle est la phrase qui te pose le plus de souci dans l’écriture ? L’incipit ?
Evidemment, les premiers mots couchés sur le papier ou sur l'écran sont très importants, ce sont eux qui nous mènent et qui emmènent les lecteurs ; ils donnent un ton, une ambiance, parfois même ils dévoilent un style. Mais très franchement, l'atmosphère d'un livre ne se réduit pas à l'incipit... et heureusement ! En fait, pour moi, tous les mots ont leur importance, du premier au dernier et il m'arrive parfois de laisser des espaces en blanc car les mots ou les phrases qui me viennent à l'esprit à cet instant précis ne rendent pas assez fidèlement l'idée qui est au fond de moi alors, j'y reviens plus tard.
• Quel style préfères-tu ? style indirect libre… « je » ou « il »…
J'avoue que le style indirect me convient mieux mais cela dit, je ne me suis jamais essayé au style direct... un jour peut-être ?
• As-tu la plume facile ? Où est-ce laborieux ? Te faut-il raturer beaucoup ?
Non, ce n'est malheureusement pas facile ! Je n'irai pas jusqu'à dire que c'est laborieux, enfin... pas tout le temps, même si parfois, je renonce car ça ne vient pas comme je le souhaiterais (dans ce cas, je préfère laisser reposer un peu, comme la pâte à crêpes, et y revenir ensuite ; parfois, quelques heures suffisent !) Disons qu'il m'arrive d'effacer, parfois souvent, mais heureusement, il arrive aussi souvent que les mots, les phrases, les paragraphes me plaisent dès le premier jet !
• Combien dure la phase avant l’écriture (recherches…) ? Et la phase d’écriture ?
En ce qui concerne les recherches préalables, je dirai que c'est très variable selon la nature de l'histoire racontée : j'ai évidemment passé bien plus de temps à faire les recherches pour la deuxième série que pour la première, tout simplement parce que je n'ai qu'une connaissance partielle de l'Egypte antique alors même que je souhaite en donner au contraire une vision précise.
Quant à la phase d'écriture, là aussi elle varie selon les disponibilités du moment mais quoiqu'il en soit, je ne m'impose aucune contrainte de temps : j'ai la chance d'écrire avant tout pour le plaisir puisque j'ai par ailleurs un métier qui me passionne et me permet de vivre, aussi vais-je à mon rythme, au grès de mes possibilités et de mes envies. Disons globalement qu'il me faut quand même un an pour boucler une histoire.
• Quelle phase préfères-tu ? La recherche des idées ? l’écriture ?
Les deux !!! Allez, un plus quand même pour l'écriture car à ce moment-là, la fiction reprend le pas sur la partie purement documentaire et c'est quand même plaisant de jouer avec son imaginaire !
. • Quel place a le mot dans tes romans ? Le vocabulaire est-il très important pour toi ?
Oui, évidemment, le vocabulaire est très important pour moi. Bien que mes histoires s'adressent à priori à des enfants, des ados, je m'efforce de maintenir un registre de langage assez soutenu et je n'hésite pas à glisser volontairement de temps à autres des mots de vocabulaire un brin désuets, voire alambiqués (enfin, rassurez-vous, il n'y en a pas trop non plus !) Des lecteurs m'ont d'ailleurs déjà fait la remarque, ce à quoi je réponds que mon intention n'est absolument pas de jouer les pédagogues, non, mais disons que je ne suis pas du tout pour brader l'écriture au prétexte que dans la vie de tous les jours, on omet les négations, on utilise un registre de vocabulaire familier... au contraire ! L'écriture doit justement servir à cela, dépasser le quotidien et je crois franchement que c'est aussi cela que les lecteurs, petits et grands, attendent ! Pour moi, le rôle d'un auteur (même débutant !), en dehors de faire rêver, est de faire réfléchir, de faire se poser des questions et, bien sûr, d'apprendre des choses et le vocabulaire en fait pleinement partie je crois. Nous avons la chance de posséder une langue d'une richesse incroyable, il serait dommage de s'en priver ! Et puis, quel problème cela pose-t-il à ce qu'un enfant ne comprenne pas un mot en particulier ? C'est justement l'occasion pour lui de demander à ses parents, frères et soeurs, professeurs... sans oublier d'utiliser un dictionnaire (euh, là, je reconnais, c'est un peu la documentaliste qui se réveille !)
• Fais-tu attention à la longueur de tes phrases ? Pierre Bottero faisait des phrases courtes ; parfois, il ne les finissait pas pour laisser le soin au lecteur d’imaginer, de rêver et donc de les terminer lui-même.
Ouh là, oui car ça, c'est un des mes gros défauts d'écriture (on l'aura sans doute déjà remarqué !) Je me souviens de mon directeur de mémoire qui me disais souvent : « Céline, tu vois ta phrase, là ? Coupe-la au moins en trois ! » (faut dire qu'elles faisaient parfois dix lignes !) Depuis, j'ai essayé de suivre ce conseil mais je reconnais que pour moi, ça ne va pas du tout de soi ! C'est donc un vrai travail pour moi que d'arriver à faire des phrases d'une longueur, disons... raisonnable. A quoi cela est-il dû ? Aucune idée... peut-être au fait que les idées se bousculent dans ma tête et que chacune veut être la première à être retranscrite sur l'écran, qui sait... Mais en même temps, si la phrase, même un peu longue, fonctionne, je ne vais pas me priver de la livrer ainsi.
• Qu’est-ce qui fait que pour toi, une phrase est bonne ?
Disons qu'une phrase me paraît bonne si elle retranscrit le plus fidèlement possible l'idée, l'intention de départ. Une phrase est bonne également si elle fait sens, si elle embarque avec elle les lecteurs, si elle apporte un peu de magie, si elle choque, parfois, si elle titille l'imaginaire… bref, si elle est pleinement utile et si elle interpelle, dans quel sens que ce soit.
• Utilises-tu beaucoup de documentation ?
Oui, j'utilise pas mal de documentation : des sites internet et pas mal de livres documentaires, parfois quelques livres de fiction aussi mais c'est plus rare.
Les éditeurs, l’édition :
* Te sens-tu libre comme écrivain ? As-tu eu à souffrir de la censure ? T’interdis-tu des choses dans l’écriture ? L’éditeur te « dirige »-t-il beaucoup ?
Je n'ai, à ce jour, que peu de recul par rapport à tout ceci. La seule chose que je puisse écrire à ce sujet c'est que jamais l'on m'a imposé ou interdit quoique ce soit, y compris lors de la phase de corrections : j'ai toujours eu « carte blanche » pour accepter ou non les propositions de modification de la correctrice (elles étaient heureusement peu nombreuses) ; j'en ai suivi certaines, celles que je jugeais pertinentes, mais j'en ai écarté aussi d'autres et jamais on ne m'a fait la moindre remarque. C'est d'ailleurs une marque de confiance de la part de l'éditeur que j'apprécie tout particulièrement.
• Quel fut le rôle d'Oskar dans ton écriture ? Comment la collaboration s'est-elle passée ?
C'est un partenariat qui a fonctionné sur la confiance totale, en tout cas c'est ce que je ressens : nous avons surtout échangé par e-mails, parfois par téléphone, mais toujours de manière amicale, bienveillante et ça c'est très agréable et rassurant, surtout pour les personnes comme moi qui découvrent ce nouvel univers !
* Est-ce que lecture et écriture vont de pair ? Faut-il aimer lire pour écrire ?
Pour moi en effet, lecture et écriture vont de pair, je ne peux me passer ni de l'une, ni de l'autre. Toutes deux sont des portes ouvertes sur l'imaginaire et toutes deux s'enrichissent mutuellement : certaines lectures vont inspirer plus ou moins certaines histoires au même titre que l'acte d'écriture va faire que l'on ne va pas lire le livre tout à fait de la même manière (on va être, justement, plus sensible au style, au vocabulaire… on va même, parfois, se dire : « et si c'était moi qui avais écrit ce passage-là, comment l'aurais-je écrit ? »)
• Pour toi, lire c’est quoi ?
Rêver, rire, pleurer, réfléchir, m'abandonner un instant, me poser des questions, m'instruire, m'offusquer, m'attendrir, oublier le quotidien, m'évader, m'inventer des mondes secrets, tomber amoureuse (si, si, promis, ça m'est arrivé de tomber follement amoureuse d'un personnage, de plusieurs, même !), changer de personnalité (être une fée, une aventurière, une super-flic, une midinette, une vraie méchante... l'espace de quelques pages.)
Bref, pour moi, lire, c'est avant tout jouer avec tout un panel d'émotions, mais c'est aussi une expérience qui fait que je vais en sortir grandie.
• Quels sont tes auteurs préférés ? tes lectures préférées ?
J'ai un faible, je l'avoue, pour la littérature policière, mon auteur préféré en la matière étant assurément Fred Vargas dont je possède, d'ailleurs, tous les livres, qu'il m'arrive souvent de relire et relire encore. Je lis aussi pas mal de Maxime Chattam, Jean-Christophe Grangé, Agatha Christie, bien sûr (même si là, c'était plutôt mes lectures d'adolescente), Viviane Moore, Stieg Larsson, Camilla Läckberg, Deryn Lake... et côté bandes-dessinées, j'adore le travail d'Isabelle Dethan ou encore de Didier Convard. Ceci dit, j'aime bien aussi un bon roman historique (surtout lorsqu'il se double d'une bonne enquête !) et il m'arrive aussi souvent de piocher dans la littérature « générale ». En revanche, j'ai peu d'appétence pour les biographies, la science-fiction et la fantasy.
• Les livres jeunesse qui t’ont marquée chez les autres ?
Ta bibliothèque,
* quelle est-elle ? Comment sont ces livres, Beaux livres, poches… genres ? Où sont-ils rangés ? Comment sont-ils classés ?
Ma bibliothèque est située à l'étage, dans ma mezzanine. Elle contient surtout des polars et thrillers mais aussi quelques titres plus « généralistes ». Certains sont en effet au format poche mais si un livre me plaît, je n'attend pas qu'il sorte à ce format, je l'achète immédiatement en grand format (c'est le cas pour les romans de Fred Vargas, par exemple). Je possède aussi deux bons rayonnages de bandes-dessinées. J'ai également la chance d'avoir hérité de toute la série des Rougon-Macquard qui avait appartenu à ma grand-mère, une belle collection avec reliure en cuir et papier de qualité. Et puis, parce que je suis aussi assez nostalgique de mon enfance, j'ai conservé très précieusement quelques livres que je lisais lorsque j'étais encore une toute petite fille ; il m'arrive parfois de me plonger à nouveau dedans et là... tout plein d'images resurgissent, quelques larmes aussi...
Quant au classement... eh bien non, j'ai beau être documentaliste, je ne mets pas de cote à mes livres !!! Blague mise à part, il m'est arrivé une fois dans ma carrière qu'un élève me confie, suite à mes cours sur le classement des documents, qu'il avait repris tous ses bouquins dans sa bibliothèque pour leur assigner une cote ! Depuis, je m'efforce de préciser que cela a surtout du sens dans une bibliothèque ou un CDI, sait-on jamais ! En revanche, j'essaie de les ranger par genre, parfois par taille, faute de place.
Comment les achètes-tu ?
J'essaie le plus souvent possible de les acheter en librairie (j'ai la chance d'avoir des libraires adorables tout près de chez moi avec qui je travaille aussi pour les commandes au CDI). Quant au choix ? Je suis l'actualité, j'écoute les critiques, le bouche-à-oreille, je vais sur des sites spécialisés, je flâne dans les librairies...
• Quel est le livre sur table de chevet ?
Cela varie souvent, en fonction des lectures, il arrive même parfois qu'il y en ait plusieurs en même temps ! Actuellement, la place est laissée à la littérature jeunesse.
Pas de livre de chevet, donc, mais il en est toutefois un qui revient souvent, c'est justement un roman de Fred Vargas que je ne me lasse pas de lire et relire, en particulier « Dans les bois éternels ».
• Quels sont les auteurs qui t’ont influencé? Pourquoi ? Que leur as-tu empruntés ?
Je ne sais pas si un ou des auteurs particuliers m'ont influencée... Je crois que c'est la richesse de chacun qui a semé un petit caillou quelque part au fond de mon crâne, le temps et l'imagination ont fait le reste !
• Si tu avais un auteur à qui écrire, lequel serait-ce ? Et que lui écrirais-tu ?
Ce serait sans doute Fred Vargas, justement... mais je n'ai jamais vraiment réfléchi au contenu...